Au Québec, la deuxième vague #metoo

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Publié aujourd’hui à 02h11

C’est une déflagration qui va surprendre tout le Québec en ces premiers jours de juillet. A l’heure où chacun se contenterait bien de savourer les plaisirs du déconfinement, les femmes font résonner les réseaux sociaux d’un immense cri de colère. Leurs récits, dénonciations et accusations ad hominem vont laisser le pays sous le choc. Le phénomène est vécu comme « le pire du Far Web » par les uns, comme « un éclatant continuum de #metoo » par les autres.

« Des déclarations publiques récentes m’ont fait reconnaître que certaines interactions que j’ai eues avec des femmes leur ont causé du tort. J’ai donc pris la décision de me retirer du groupe et d’aller chercher de l’aide professionnelle afin de m’éduquer et d’agir de façon appropriée à l’avenir. » Le mea culpa, avec promesse de thérapie, de David Desrosiers, bassiste du groupe de pop québécois Simple Plan, diffusé au début de juillet sur son compte Instagram, va être répété quasiment mot pour mot, plusieurs jours d’affilée, par des chanteurs en vue, humoristes célèbres et youtubeurs hier encore adulés des ados. Leurs concerts ou galas sont annulés le soir même, leur agent les lâche, le fondateur de la prestigieuse maison de disques Dare to Care, qui produit entre autres la chanteuse Cœur de Pirate, est emporté dans la tourmente. En quelques jours, le phénomène va être aussi brutal que rapide : ce sont des noms illustres de la scène québécoise qui disparaissent corps et biens.

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Tous ont été dénoncés sur Instagram ou Facebook par des femmes, anonymes ou identifiées. Les faits allégués vont du simple regard déplacé aux paroles sexistes répétées, en passant par le harcèlement et, parfois, l’agression sexuelle.

Le grondement naît en sourdine quelques semaines auparavant ; certaines femmes en détectent les prémices dans le huis clos de leurs pages privées sur Facebook. « Nous échangions depuis quelque temps sur un projet de lettre à diffuser dans le milieu littéraire pour dire notre ras-le-bol des pratiques harcelantes toujours en cours », raconte la romancière Elise Turcotte. « Quelques jours avant que tout n’éclate, se souvient Alexina Gilbert, une jeune comédienne jouant dans des ligues d’improvisation, j’ai vu passer à nouveau, sur les groupes où nous parlons habituellement de nos problèmes de stérilet, des témoignages de femmes relatant leur agression. »

Une femme en disgrâce

Pourquoi la colère renaît-elle à ce moment précis ? Parce que la vague #metoo (#moiaussi, au Québec) de 2017 n’a pas changé les choses aussi radicalement que certaines l’espéraient, et que le Québec, si fier de son progressisme en matière d’égalité des droits, a échoué à s’attaquer à ce que les femmes continuent de subir. L’un des ferments possibles de ce mécontentement grandissant réside peut-être aussi dans ce que les victimes d’agressions sexuelles ont perçu comme un camouflet : le report de juin à octobre, pour cause de pandémie, du procès de Gilbert Rozon, fondateur et président du festival Juste pour rire, accusé de viol et d’attentat à la pudeur et dénoncé à l’automne 2017 dans la foulée de l’affaire Weinstein. Quelques mois plus tôt, une vingtaine de ses victimes présumées, dont les plaintes n’avaient pas été jugées recevables pour le procès criminel, se sont vu refuser le droit d’engager un recours collectif au civil contre lui.

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