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Serait-ce le mensonge de trop ? L’émotion suscitée en Europe par l’empoisonnement au Novitchok de l’opposant russe Alexeï Navalny, qui reprend vie peu à peu dans une chambre d’hôpital de Berlin sous la protection de policiers allemands, peut paraître irrationnelle : en matière de répression, on en a, après tout, déjà beaucoup vu. Adeptes de la transparence dans la vie publique, les Européens ont toujours été désarmés face à la pratique du mensonge éhonté que leur oppose le Kremlin depuis vingt ans. Cette fois pourtant, les choses prennent un tour différent.
La liste est longue. L’assassinat de Boris Nemtsov, autre opposant de premier plan ? Les bombardements d’hôpitaux civils en Syrie ? Le missile qui a abattu l’avion de Malaysia Airlines, ses 283 passagers et 15 membres d’équipage au-dessus du Donbass ? Les petits hommes verts qui ont envahi l’Ukraine ? Les mercenaires Wagner qui essaiment en Afrique, notamment en Libye ? Les opposants tchétchènes exécutés dans les capitales européennes ? L’empoisonnement des Skripal au Novitchok à Salisbury ? Chaque fois, Moscou a soit nié, soit travesti la vérité. Les multiples versions produites depuis le 20 août, jusqu’au ridicule, de ce qui a failli tuer Navalny en Sibérie s’inscrivent dans cette même stratégie du mensonge.
Pourquoi, alors, exiger des « explications », comme l’ont fait avec insistance la chancelière allemande Angela Merkel, son ministre des affaires étrangères Heiko Maas, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian et plusieurs autres hauts responsables européens, tous parfaitement conscients que ces explications, pour autant qu’elles soient apportées, ne seront jamais satisfaisantes ?
Un contexte exceptionnel
Sans doute par souci des procédures, et parce que cela permet de gagner du temps, pendant que l’Union européenne (UE) prépare sa riposte – une opération laborieuse, par définition. Car l’affaire Navalny intervient dans un contexte exceptionnel, où tout le monde semble pris au dépourvu.
En Russie, d’abord, où Vladimir Poutine est confronté à une multiplicité de crises : une vague de contestation inédite à Khabarovsk, dont les habitants protestent depuis juillet contre l’arrestation de leur gouverneur ; une économie à la peine ; une popularité en baisse, à la veille d’élections régionales, le 13 septembre, et alors que le président russe prépare les « réformes constitutionnelles » qui doivent lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2036. La révolte massive des voisins biélorusses contre la énième réélection frauduleuse de leur président autocrate arrive donc à un très mauvais moment pour le chef du Kremlin, qui non seulement a une crise de plus sur les bras, mais détesterait qu’elle donne des idées à ses propres électeurs.
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