comment la Chine assèche ses voisins

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Fishers are out fishing, surrounded by small islands popping out of the water, as a result of the low water levels on the Mekong River, caused by dams upstream. This severely reduces their chances of catching fish. Sangkhom district, Nong Khai, Thailand – August 2020.

JITTRAPON KAICOME POUR « LE MONDE »

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Publié aujourd’hui à 04h47

Vu du côté thaïlandais, face aux collines couvertes de jungle de la rive laotienne, le grand fleuve frontière semble s’écouler inchangé, liquide incarnation du cours éternel des choses : mélancolie et beauté du Mékong dont le débit, apparemment si lent, donne l’impression qu’il charrie avec sa coutumière majesté ses eaux café au lait.

Illusion et grave erreur de jugement : le Mékong n’est plus ce qu’il était, le fleuve est en péril. Et avec lui ses poissons, sa végétation et la vie des pêcheurs pour lesquels il est, de mémoire d’homme, le fleuve nourricier par excellence. Un seul chiffre donne l’idée de l’abondance des ressources du fleuve et illustre l’importance qu’il revêt pour les populations vivant le long de ses berges : deux millions de tonnes de poissons y sont pêchées chaque année. Un record mondial qu’aucun autre bassin n’égale sur le reste de la planète.

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« Regardez le milieu du fleuve », dit Chaiwat Parakun, pêcheur au long cours du village de Ban Muang (province de Nong Khai, nord de la Thaïlande), en désignant des îlots herbeux qui dépassent de la surface brune. « Vu que nous sommes entrés dans la saison des pluies, ils devraient tous avoir été submergés à cette époque. Mais non : le Mae Nam Kong [Mékong en thaï] est plus bas d’au moins trois mètres par rapport à sa hauteur habituelle. » Nous sommes alors début août et il faudra attendre des semaines pour que, en ce début septembre, le niveau du fleuve atteigne enfin des hauteurs presque habituelles.

Malgré le début de la saison des pluies, le niveau du Mékong reste bas, à Sangkhom, dans la province de Nong Khai (Thaïlande), en août.

Le bassin inférieur du Mékong, qui inclut Thaïlande, Cambodge, Birmanie, Laos et Vietnam, a connu en 2019 sa pire sécheresse en quarante ans. Au Cambodge, les eaux du lac Tonlé Sap, alimenté par le Mékong, étaient également, en août, trop basses en raison du retard du célèbre « retournement » biannuel du fleuve, qui voit son cours s’inverser en un bienfaisant phénomène de pulsation régulatrice. L’enjeu humain, rien qu’au Cambodge, est énorme : le Cambodgien moyen tire environ 60 % de son apport en protéine de la pêche dans le lac et le fleuve qui le traverse…

Le coupable numéro un désigné par la plupart des experts n’est pas le changement climatique : c’est la Chine. Depuis le début de ce siècle, emportée par l’élan qui la pousse à construire toujours plus d’infrastructures et hantée dans sa mémoire collective par les désastres que causèrent dans son histoire les inondations, elle a bâti chez elle rien moins que onze barrages sur le Lancang Jiang (Mékong, en chinois), ce « fleuve turbulent » qui prend sa source sur son territoire, dans les hauteurs tibétaines, et s’écoule ensuite chez le voisin laotien.

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