Quand Loukachenko croit voler au secours de Moscou dans le dossier Navalny

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L’opposant russe, Alexeï Navalny, à Moscou en février 2020.

Le dramatique feuilleton de l’empoisonnement d’Alexeï Navalny s’est enrichi, vendredi 4 septembre, de deux nouveaux personnages : Nick et Mike. Selon le président biélorusse Alexandre Loukachenko, Nick et Mike fournissent la preuve définitive que l’empoisonnement de l’opposant russe est une « falsification » ourdie par la chancelière allemande Angela Merkel.

M. Loukachenko avait déjà fait part de cette conclusion au premier ministre russe, Mikhaïl Michoustine, lors de la visite de ce dernier à Minsk, jeudi. Le président biélorusse, qui affronte une contestation sans précédent dans son pays, avait alors assuré que son « renseignement radioélectrique » déployé à la frontière occidentale (où M. Loukachenko dit se préparer à une invasion polono-lituanienne) avait intercepté une conversation « intéressante » entre « Berlin » et « Varsovie » dont le contenu prouverait la machination.

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Le chef d’Etat promettait de transmettre l’enregistrement aux services russes, mais il n’a visiblement pas résisté au plaisir de lui donner une publicité plus importante. Mission dont s’est acquittée vendredi soir la télévision d’Etat, en diffusant un bref échange dans un anglais à peine audible, recouvert par le doublage russe.

« A la guerre tous les moyens sont bons »

De Berlin, Nick y informe Mike, son correspondant à Varsovie : « Tout se déroule selon le plan, les documents sur Navalny sont prêts. Ils vont être transmis à la chancelière, nous attendons sa déclaration. » Lorsque Mike s’interroge sur la réalité de l’empoisonnement, Nick le raisonne : « Ce n’est pas important. C’est une guerre qui est en cours, et à la guerre tous les moyens sont bons. »

La motivation de cette manipulation visant à accuser la Russie à tort ? Elle est double : « Il faut empêcher Poutine de mettre son nez dans les affaires biélorusses », rappelle ainsi Mike, qui, dans la foulée, cite un autre argument : l’approche d’un scrutin local, le 13 septembre, en Russie.

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Ce court extrait a fait s’étrangler de rire les internautes russes comme biélorusses, stupéfaits par la naïveté des propos et l’improbabilité d’un tel échange téléphonique, intercepté sans même que les deux héros, Nick et Mike, ne soient identifiés. Les parodies et les moqueries sont apparues instantanément, reprises y compris par les proches de M. Navalny, pourtant peu portés au rire depuis quinze jours que l’opposant est dans le coma. Sur le plateau, la présentatrice de la télévision peinait elle-même à cacher un rictus désabusé.

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