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La jeune femme aurait sans doute préféré se trouver à mille lieues de là, lorsqu’elle a pris la parole, vendredi 28 août, devant des dizaines de milliers de personnes rassemblées à ses pieds sur le National Mall de Washington. Letetra Widman, sœur de Jacob Blake, le jeune père de famille grièvement blessé de plusieurs balles dans le dos tirées par un policier de Kenosha (Wisconsin) le 23 août, a pourtant rempli son nouveau rôle avec passion et conviction. Comme préparée depuis toujours à rejoindre le triste cercle des proches de victimes de bavures policières, dont la vie bascule en quelques coups de feu.
Dans un bref discours aux accents de tribun, elle a exhorté les Noirs américains à « se lever et à se battre, sans violence ni chaos mais avec estime de soi ». Lors de sa première intervention devant la presse, quelques jours auparavant, cette frêle trentenaire avait déjà su trouver les mots pour dénoncer les brutalités policières contre les Afro-Américains, éclipsant les interventions d’autres membres de sa famille, terrassés par l’émotion, et devenant, en quelques minutes, une efficace porte-parole d’une cause mille fois défendue.
Jeudi 3 septembre, avec plusieurs membres de sa famille, elle a rencontré le candidat démocrate à la présidence, Joe Biden, et sa femme Jill, en visite dans la ville où s’est déroulé le drame.
Figures de la vie publique
À chaque nouveau drame, l’Amérique fait connaissance avec une famille afro-américaine ordinaire, propulsée contre son gré dans une actualité tragique, subitement entourée d’avocats, contactée par des personnalités politiques, sollicitée par les médias, qui attendent de ces proches éplorés, en colère ou muets de chagrin, des réflexions sur le racisme de la société américaine, une opinion sur la réforme de la police ou des appels au calme. Face à ces injonctions qui laissent peu de place au deuil, certains s’en sortent mieux que d’autres et choisissent de traverser cette épreuve en se lançant dans le militantisme, devenant des figures de la vie publique nationale.
Dernièrement, Philonise Floyd, le frère de George Floyd, le quadragénaire mort étouffé sous le genou d’un policier, en mai, à Minneapolis (Minnesota), a rejoint cette cohorte. Auditionné le 10 juin par la commission judiciaire de la Chambre des représentants, à Washington, il a parlé de son « indicible peine » et plaidé pour des réformes qui permettraient « de mettre fin à cette souffrance » ; invité à la convention nationale des démocrates pour l’élection présidentielle, il a fait observer un moment de silence. Quelques jours auparavant, il avait parlé au téléphone au président, Donald Trump (deux minutes, selon ses dires), et au candidat démocrate, Joe Biden (quinze minutes). En quelques jours, M. Floyd a levé 14 millions de dollars pour un fonds destiné à payer les frais de la famille et l’éducation des trois enfants de George Floyd.
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