[Faits Divers] Saint-Denis : Le prédateur numérique en prison

Un homme de 23 ans a été condamné hier à 18 mois de prison ferme. Durant près de trois ans, il avait piraté des comptes Facebook de jeunes femmes pour leur dérober des photos intimes et les faire chanter, laissant au moins 55 victimes dans son sillage.

Dimitri H., un Dionysien de 23 ans devait être jugé en février dernier pour toute une série de faits en lien avec le piratage des comptes Facebook de dizaines de jeunes femmes. L’audience concernant le mis en cause retrouvé en possession de plus de 350 photos et 37 vidéos volées, avait dû être reportée en raison de la grève des avocats. Placé sous contrôle judiciaire, ce dernier n’avait pourtant pas tardé à récidiver. Le soir même de sa sortie du tribunal sous les huées de ses victimes, il usurpait de nouveau des identités de jeunes femmes pour entrer en contact avec d’autres, leur dérober des photos intimes et les faire chanter. 

Aucune demande d’argent en l’espèce, mais plutôt des demandes de clichés ou vidéos à caractère sexuel. Entraînant ses victimes dans une spirale d’angoisse et de paranoïa, Dimitri H a été décrit par le ministère public comme un “dominateur qui tire plaisir de la soumission de ses proies“. Un profil jugé très inquiétant, accentué encore par la récidive et des explications qui n’auront pas convaincu les magistrats. 

“J’ai été la victime d’un autre maître-chanteur qui avait des photos de moi et de mon ex. C’est lui qui m’a demandé de pirater les comptes, et puis j’ai continué”, explique le prévenu à la barre, qui reconnaît néanmoins être l’auteur de l’ensemble des faits. 

Faux technicien

Conformément aux réquisitions, il a été condamné à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis, une obligation de soins et une privation de ses droits civiques pour cinq ans. Ainsi que l’interdiction formelle d’approcher ses victimes. 

“Vous avez gravement nuit à l’intimité de beaucoup de jeunes femmes sur l’île pendant une longue période”, observait le président du tribunal en rendant sa décision. “Vous leur avez pourri la vie. Et vous avez encore récidivé même après la garde à vue, et votre présentation au palais en février. Ce n’est pas imaginable pour le tribunal que vous n’alliez pas en prison ce soir“.

Placé en détention provisoire après sa récidive, il avait été libéré afin de se présenter libre à l’audience de ce mardi. Le tribunal a décerné mandat de dépôt à l’encontre du prédateur numérique, qui dort depuis hier à la geôle. 

Le suspect, qui utilisait plusieurs adresses IP différentes, réussissait à entrer en contact avec certaines d’entre elles en se faisant passer pour un technicien de Facebook intervenant pour supprimer un virus. Obtenant ainsi des identifiants, il abusait ensuite de la naïveté des amies de sa première proie pour obtenir de nouveaux codes, et ainsi de suite.

Plus d’une cinquantaine de jeunes Réunionnaises ont ainsi fait l’objet de transmission frauduleuse des données informatiques, usurpation d’identité, captation d’images à caractère sexuel et chantage avec mise à exécution de la menace au cours des trois années écoulées. 

J.G.