« la tentation du large des Britanniques »

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Les partisans d’une sortie brutale de l’Union européenne rêvent d’un retour au Commonwealth plutôt que d’un destin à la norvégienne. Mais cela intervient alors que la mondialisation cède la place à de grands pôles régionaux, analyse Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 10h47 Temps de Lecture 2 min.

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Des agents de sécurité sont à l’entrée de l’Eurotunnel, à Coquelles (Pas-de-Calais), le 28 mars.
Des agents de sécurité sont à l’entrée de l’Eurotunnel, à Coquelles (Pas-de-Calais), le 28 mars. PHILIPPE HUGUEN / AFP

Pertes & profits. Comme s’ils voulaient s’entraîner pour le jour J. Depuis le 4 mars, les douaniers français observent une grève du zèle qui régulièrement allonge les files de camions aux abords du tunnel sous la Manche et perturbe les Eurostar. Ils réclament une amélioration de leurs primes et plus de personnel pour affronter le jour de la « grande fermeture », que l’on nous annonce comme la prochaine apocalypse. Ce faisant, leur mouvement contribue à relativiser l’effet de ce grand bug attendu.

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Il n’y a pas besoin de fin du monde pour bloquer une frontière. Juste quelques douaniers déterminés. Il suffit qu’au lieu de contrôler aléatoirement 0,3 % des camions (taux habituel), ils passent à 3 % pour que tout se bloque. Et ce sont des hommes qui décident de ce pourcentage, et donc de la fluidité à l’intérieur de ce tunnel, qui voit tout de même passer 26 % de tous les flux commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE). C’est donc probablement ce qui se passera en cas de Brexit « dur ». On contrôlera moins pour éviter l’embolie. Personne, des deux côtés de la Manche, n’a vraiment envie d’être à l’initiative d’un chaos indescriptible.

Lamentable cirque politique

Pour l’instant, le lamentable cirque politique britannique n’a pas eu les effets redoutés. La croissance du pays a légèrement fléchi, mais ne s’est pas effondrée et le plein-emploi reste la norme au royaume des Windsors. Quant aux autres pays, seuls les grands exportateurs comme l’Allemagne ou les Pays-Bas ont vraiment à craindre d’un ralentissement des échanges. Dans le cas de la France, les analystes de la banque ING estiment que l’impact d’un Brexit dur serait similaire à celui des « gilets jaunes ». Cela reste gérable.

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A plus long terme, la question est tout autre. Les partisans du Brexit ne veulent pas d’un statut suisse ou norvégien qui ouvre le marché européen mais impose une libre circulation des biens et des personnes. Ils rêvent plutôt de s’appuyer sur le Commonwealth pour bâtir une économie prospère débarrassée d’un carcan européen. Ce faisant, le Royaume-Uni s’engage sur une voie délicate à un moment défavorable.

Les chaînes de valeur mondiales, qui ont été à la base de la mondialisation, sont en train de se régionaliser par grands pôles. Les Américains commercent de plus en plus entre eux, les Asiatiques également. L’UE offre un marché de taille similaire, capable de peser dans les nouveaux rapports de force qui s’installent. Le pari britannique est qu’il y aurait plus à gagner à se déployer sans entrave hors de l’UE plutôt que de resserrer ses liens avec ses voisins. La tentation du large, toujours. Stimulante mais dangereuse.

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