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Titulaire de la chaire « Histoire contemporaine du monde arabe » au Collège de France, Henry Laurens est l’auteur de Les Crises d’Orient (Fayard, 2017 et 2019) qui retrace, en deux tomes, l’histoire du Moyen-Orient de 1768 à 1949. A la veille de la deuxième visite d’Emmanuel Macron au Liban en un mois, il éclaire l’histoire des longues et étroites relations entre la France et le Liban.
Est-ce une maladresse pour Emmanuel Macron de venir au chevet du pays le jour du centenaire de la proclamation du « Grand Liban » par les autoritaires mandataires françaises ?
Henry Laurens.- C’est incontestablement un geste fort et cette date n’a pas été choisie au hasard. La présence française est constante dans l’histoire libanaise. Ce sont autant les Libanais qui demandent aux Français de s’impliquer, que les Français qui s’ingèrent dans les affaires libanaises. Je rappelle que, lorsque Jean-Yves Le Drian [ministre de l’Europe et des affaires étrangères] est venu à Beyrouth en juillet pour dire en substance « sans réformes, il n’y aura pas d’argent », le premier ministre libanais avait réagi par : « Notre mère la France nous abandonne. »
En décembre 1945, à l’époque où le Liban est encore occupé par les armées française et britannique, il y eut un accord entre Paris et Londres dans lequel les Anglais s’engageaient à ne pas remettre en cause l’influence française au Liban après l’indépendance. En un sens, cet accord a duré jusqu’à aujourd’hui. La France n’est pas la seule puissance présente au Liban, c’est aussi le cas des Etats-Unis.
Mais il est admis que le Liban est l’affaire des Français. Depuis 1990, c’est la France qui a porté l’économie libanaise pour la renflouer périodiquement par des conférences successives. Mais, fait nouveau depuis trois ans, Paris insiste pour que les engagements pris soient tenus avant de nouveaux paiements. Il y a déjà une quinzaine d’années, j’avais participé à un colloque où un économiste libanais avait qualifié l’économie de son pays de « pyramide de Ponzi » [système où les dépôts servent à payer des intérêts largement surévalués].
Aujourd’hui, il y a une exaspération croissante dans la haute administration française envers le comportement global de la classe politique libanaise qui a été incapable de mener les réformes nécessaires et mené son pays à la ruine. Lors de sa première visite, en août, Emmanuel Macron a saisi l’humeur de la société libanaise et le rejet de cette classe politique.
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