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Voici deux des plus importantes figures d’une effervescence inédite en Thaïlande, un mouvement d’étudiants qui agite les campus depuis des semaines et qui tient à la fois, par son côté organique, de l’agitation échevelée des jeunes Hongkongais contre la Chine et de l’organisation déstructurée des « gilets jaunes » : une femme, un homme. La jeune fille, tête ronde et grosses lunettes, c’est Panusaya Sithijirawattanakul, une étudiante en sociologie de 21 ans ; l’homme, c’est Anon Nampa, un avocat de 34 ans à l’innocent visage poupin, à qui son charisme et son statut de meneur ont déjà valu deux brèves arrestations.
Si Panusaya, alias « Roong » (« la mangue »), est devenue célèbre au sein d’un mouvement sans véritable organisation centralisatrice, c’est qu’elle a été la première à exiger quelque chose que personne n’avait jamais osé faire jusque-là. Le 10 août, lors d’une grande manifestation dans le campus d’une université de la banlieue de Bangkok, elle est montée sur scène et a fait voler en éclats un tabou presque aussi vieux que l’antique royaume de Siam : elle a lu au micro un manifeste en dix points demandant que soit réformée la monarchie, l’institution la plus révérée, la plus intouchable du pays.
Entre autres exigences énoncées par « la mangue », la révocation d’un article de loi empêchant de critiquer le roi, l’abolition de la loi de lèse-majesté (qui peut valoir jusqu’à quinze ans d’emprisonnement), la réduction de l’allocation annuelle attribuée au palais et le retour des biens de la Couronne (estimée à 30 milliards de dollars, soit 33 milliards d’euros) dans le giron de l’Etat. Rien que ça.
Dans un pays où Sa Majesté Maha Vajiralongkorn, Rama X de son nom dynastique, jouit d’un statut divin − le roi est révéré comme un avatar du dieu Vishnou −, il est considéré comme un crime de quasi-apostasie de faire montre de telles exigences à l’égard du monarque. La tirade a résonné comme un coup de tonnerre dans les cercles du pouvoir d’un royaume cadenassé par l’alliance du sabre et de la couronne, de l’armée et de la monarchie…
« Je dois le faire »
Panusaya ne joue pas les modestes, pas les matamores non plus. Assise sur un fauteuil dans le bar discrètement tendance d’une maison coloniale du centre historique de la capitale, à deux pas du palais royal, elle décrit ce moment qui marquera un tournant dans sa vie : « J’étais en bas de l’estrade. Deux amis avaient la veille écrit ce texte, mais j’ai proposé de le lire moi-même. »
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