« Faire honte, c’est discréditer des valeurs pour en accréditer d’autres, plus démocratiques »

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Entretien. Dans la campagne contre la cancel culture, ou « culture de l’annulation », il y a comme un air de déjà-vu. En 1990, un article du New York Times lançait l’offensive contre « l’hégémonie montante du politiquement correct ». Les médias recensaient alors des anecdotes alarmantes, souvent exagérées, parfois inventées, sur l’intolérance d’une gauche prompte à dénoncer le sexisme, l’homophobie et le racisme. Après la chute du mur de Berlin, la nouvelle menace « illibérale », c’était le radicalisme universitaire !

La polémique contre la cancel culture répète celle contre le « politiquement correct » et la met au goût du jour : de la discrimination positive, on est passé aux violences policières racistes avec Black Lives Matter ; des codes de conduite de la sexual correctness au hashtag (ou mot-dièse) #metoo. Mais c’est bien la même complainte sur la « tyrannie des minorités » et le « maccarthysme de gauche », sur la persécution des hommes blancs hétérosexuels. Bref, « on ne peut plus rien dire » !

« Fascisme d’extrême gauche »

De même qu’il y a trente ans, la polémique se répand comme une traînée de poudre aux Etats-Unis, mais aussi en France et ailleurs. Le 4 juillet 2020, à quatre mois de l’élection, Donald Trump s’en prend à la cancel culture : un « fascisme d’extrême gauche ». Trois jours plus tard, une lettre sur « la justice et la liberté de débattre » est publiée sur le site du magazine Harper’s. Signée par « plus de 150 écrivains, artistes et journalistes de divers horizons politiques » (dont certains s’engageaient contre le politiquement correct trois décennies plus tôt), elle est aussitôt traduite par Le Monde (et dans d’autres pays).

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Les différences entre les deux polémiques ne sont pourtant pas moins intéressantes que leurs ressemblances. La querelle du politiquement correct visait le monde universitaire : le campus était présenté comme « un îlot de répression dans un océan de liberté » (dans le magazine Commentary, en 1989). Trente ans plus tard, la polémique contre la cancel culture porte sur la société tout entière. C’est l’effet des réseaux sociaux, qui font entendre dans l’espace public ce qui, mais aussi celles et ceux qui, jusqu’alors, y restaient inaudibles. Comme l’écrit l’essayiste et historienne Laure Murat, le 1er août, dans une tribune au Monde, c’est la protestation « d’une population exaspérée, marginalisée et sans autre voix ni pouvoir que l’Internet ».

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