Le Sénat américain publie un rapport sévère sur l’influence russe dans la campagne de 2016

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La commission du renseignement du Sénat a publié, ce 18 août, son rapport sur l’influence russe durant la présidentielle américaine de 2016. Long de près de mille pages, le document comporte de nombreux passages censurés dans sa version publique. Contrairement au rapport du procureur Mueller, rendu public en avril 2019, celui de la commission sénatoriale ne cherche pas à démontrer si la campagne de Donald Trump s’est rendue coupable de délits, mais examine les risques qu’ont fait courir à la sécurité nationale les différentes campagnes d’influence russe durant l’élection. La commission du renseignement du Sénat est dirigée par les Républicains, ce qui donne d’autant plus de poids à ce rapport.

Le rapport Mueller n’avait pas apporté de preuve formelle d’une collusion entre la campagne de Donald Trump et les services de renseignement russes, mais établissait que des espions russes avaient activement soutenu la campagne de M. Trump. Il précisait également qu’il n’était pas en mesure d’exonérer le président américain de plusieurs accusations, dont celle d’entrave à la justice.

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  • Un agent russe au plus près de la campagne Trump

Le principal point-clé du rapport est qu’il désigne Konstantin Kilimnik, un proche du directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, comme un « agent du renseignement russe ». Jusqu’à présent, les autorités américaines – et le rapport du procureur Mueller – décrivaient uniquement M. Kilimnik comme ayant « des liens avec le renseignement russe ». M. Kilimnik et M. Manafort ont travaillé ensemble durant près d’une décennie en Ukraine, avant que ce dernier ne prenne la direction de la campagne de Donald Trump.

Le rapport estime que M. Kilimnik était directement lié à plusieurs opérations d’ampleur menées par le renseignement militaire russe aux Etats-Unis, mais la plupart des détails sur ses activités présumées – y compris d’éventuels liens avec le piratage du Comité national démocrate – sont censurés dans le rapport public. Le document détaille également les diverses manières dont les deux hommes communiquaient, en utilisant des téléphones prépayés et des messageries sécurisées.

  • Un hôtel moscovite « à haut risque »

Le rapport examine également les allégations selon lesquelles Donald Trump aurait été « compromis » par le renseignement russe lors de voyages dans le pays, et notamment la rumeur d’une vidéo à caractère sexuel, filmée dans un hôtel moscovite et évoquée durant la campagne dans le « dossier Steele », compilé par un détective privé et ex-agent du MI6 britannique, Christopher Steele.

La commission sénatoriale semble n’accorder qu’une crédibilité très faible au « dossier Steele », mais note que le Ritz Carlton de Moscou, où Donald Trump a séjourné à plusieurs reprises, est un « environnement particulièrement à risque en termes de contre-intelligence ». Selon les informations du comité, un agent du renseignement russe est stationné en permanence dans cet établissement, où il dispose d’un accès à des caméras de surveillance.

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Après le piratage du compte Gmail de John Podesta, le directeur de campagne d’Hillary Clinton, WikiLeaks avait récupéré ces courriels et avait commencé à les publier à partir du 7 octobre, un mois avant l’élection. Selon le rapport, le piratage de comptes affiliés au parti démocrate avait été « ordonné » personnellement par le président russe, Vladimir Poutine. WikiLeaks, de son côté, « a activement cherché à jouer et effectivement joué un rôle dans la campagne d’influence russe, et il est très probable que WikiLeaks savait qu’il aidait à une tentative d’influence du renseignement russe », estime le rapport dans un chapitre dont de larges passages sont censurés.

Reconnu coupable d’avoir menti au Congrès, notamment sur ses contacts avec WikiLeaks, Roger Stone, l’ami de Donald Trump et son ancien conseiller, est cité dans le rapport. M. Stone avait notamment prédit sur Twitter les futures publications de WikiLeaks et avait assuré à plusieurs reprises être en contact avec Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks.

Selon le document du Sénat, qui confirme ce qu’écrivait déjà le rapport Mueller, Donald Trump et d’autres cadres de son équipe de campagne « ont tenté d’obtenir des informations en avance sur WikiLeaks via Roger Stone ». Mais la commission déclare ne pas être en mesure de « déterminer le niveau de connaissance d’informations qui n’étaient pas publiques sur WikiLeaks que Stone a obtenues et partagées avec l’équipe de campagne ».

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  • Les liens d’une avocate russe avec le Kremlin

Le rapport estime que Natalia Veselnitskaya, une avocate qui avait obtenu un rendez-vous à la tour Trump durant l’été 2016 au prétexte qu’elle détenait des renseignements compromettants sur Hillary Clinton, a des liens « bien plus forts avec le Kremlin que ce qui a été dit publiquement jusqu’à présent ». Mme Veselnitsakaya, qui a été mise en examen début 2019 dans un dossier de blanchiment d’argent, avait utilisé ce rendez-vous avec plusieurs hauts cadres de la campagne Trump pour demander une levée des sanctions contre la Russie.

  • La défense de Donald Trump

Malgré le côté bipartisan du rapport, le New York Times rapporte que Donald Trump l’a qualifié de « canular ». De son côté, Judd Deere, le porte-parole de la Maison Blanche y voit la preuve qu’il n’y « a jamais eu de collusion entre la campagne Trump et la Russie », reprenant ainsi la théorie d’une chasse aux sorcières menées par les opposants au président américain. « Cette théorie complotiste colportée par des progressistes radicaux et leurs partenaires dans les médias démontre leur incapacité à accepter le choix du peuple américain et du résultat de l’élection présidentielle de 2016 », affirme-t-il.

A l’inverse, de nombreux observateurs notent que le rapport confirme clairement l’ampleur des liens, plus ou moins directs, qui existaient entre la campagne du candidat républicain et les services de renseignement russes. « La commission a plongé en profondeur dans les informations collectées par les autorités américaines, bien plus que le rapport Mueller », estime dans le Guardian Scott Horton, enseignant à la faculté de droit de Columbia (New York). « Ces informations accréditent l’idée que le rapport Mueller, loin d’avoir exonéré Trump, a simplement servi de relais pour que le Congrès puisse conduire des enquêtes plus approfondies. »

Le Monde

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