En Afrique du Sud, les ventres creux d’Alexandra

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Distribution de nourriture dans le township d’Alexandra, en Afrique du Sud, le 28 avril. Siphiwe Sibeko/REUTERS

Ce n’est plus un problème, c’est un malaise d’ampleur nationale. Pas seulement de nature conceptuelle, plutôt de ceux qui font s’évanouir dans les files d’attente. Dans l’ombre de l’épidémie due au coronavirus, la faim est en train de faire des ravages en Afrique du Sud. Dans les villes, dans les campagnes, les estomacs sont creux et de plus en plus creux. Les signes en sont partout. Ce sont des hommes qui crient, adossés à la clôture des parkings, devant les supermarchés, espérant qu’on leur fera l’obole d’un peu de nourriture tirée des sacs de courses. C’est la multiplication des mendiants dans tous les quartiers, y compris à des intersections de routes où pourtant personne ne ralentit, parce que tous les autres carrefours sont déjà saturés d’hommes et de femmes qui tendent des gobelets au bout d’un bâton, pour protéger d’une possible contagion ceux qui veulent bien donner une pièce ou un peu de nourriture.

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A Alexandra, le grand township à l’est de Johannesburg, depuis lequel on aperçoit les tours du quartier des affaires et de tout l’argent qui s’y étale, il n’y a pas de mendiants. C’est ainsi, on ne mendie pas dans le township. Mais, en ces temps de privations, les gestes de solidarité existent, comme la cuisine que fait Patience, chez elle, sur la rue Florence-Moposho. Les jeunes, les vieux, se glissent derrière sa grosse grille qui double la portée d’entrée, quand elle a réussi à réunir quelques dons et à préparer des repas. On entre dans sa toute petite cuisine avec son contenant en plastique, une assiette, un verre, tout fait l’affaire. Il y a même parfois un peu de viande, du pain, un morceau de Russian aux étranges couleurs fluo (grosse saucisse industrielle bon marché qu’on débite en fines tranches). Tout est organisé, méticuleusement. Tout est compté.

Une dame blanche des banlieues riches l’aide, avec un peu d’argent, des sacs de poulet bradé. Elle a un grand coffre, pour les courses. La dame est affiliée au parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), et sans doute fait-elle un peu de prosélytisme, mais elle ne s’attarde jamais dans ce coin où abondent les garçons prêts à tout pour quelques rands, et où sa grosse voiture est comme un appel aux ennuis.

Parmi ceux qui viennent chercher un peu de nourriture chez Patience, il y a des vieux qui survivent avec des riens, des enfants qui ne vont plus à l’école, et leurs parents. L’emploi à temps plein est la plus rare des denrées. On vient à la soup kitchen avec les épaules rentrées, comme s’il fallait bien s’appliquer avant de tomber dans la phase suivante, celle où il faudrait aller tendre la main aux carrefours dans les gaz d’échappement et l’indifférence de la ville qui a de quoi manger.

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