un « triangle » djihadiste à l’origine de l’attaque meurtrière d’une maternité à Kaboul en mai dernier

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Des soldats afghans portent un nouveau-né de la maternité attaquée à Kaboul, le 12 mai.

C’était une attaque des plus violentes, qui visait les plus fragiles, et elle n’a jamais été revendiquée. Les diverses enquêtes ouvertes sur l’attaque sanglante d’une maternité tenue par Médecins sans frontières (MSF) à Kaboul, en Afghanistan, n’avaient pas abouti. Au terme d’une longue enquête publiée mercredi 19 août, le journal Libération conclut à l’implication d’un « triangle » de groupes djihadistes motivés par une vengeance : celle de l’organisation Etat islamique (EI).

Le 12 mai dernier, la maternité de MSF à Dasht-e-Barchi, un quartier pauvre de la capitale afghane, est attaquée. Cinq heures durant, plusieurs hommes – cinq selon les renseignements afghans, trois selon des sources diplomatiques – massacrent des femmes qui allaient accoucher et d’autres qui venaient de mettre au monde. Vingt-quatre personnes sont tuées dont, selon le journal, 16 mères, une sage-femme et deux enfants de 7 ans. Parmi les victimes, des familles hazara, une ethnie minoritaire chiite.

Lire notre récit : A Kaboul, la maternité attaquée a vécu « un pur enfer »

Selon l’enquête des services de renseignement afghans, la NDS, à laquelle Libération a eu accès, « l’attaque contre la maternité a été décidée en représailles à une opération des forces afghanes contre une cellule de l’Etat islamique », interception téléphonique à l’appui. Quelques jours plus tôt, deux femmes enceintes avaient été tuées par les forces de sécurité afghanes lors d’une opération contre des cellules de l’EI en Afghanistan. Et, début avril, son chef avait été arrêté.

Récupérations politiques

L’un des auteurs de l’attaque avait fait allégeance à l’EI un an plus tôt. Mais l’organisation terroriste n’est pas la seule impliquée, pointe l’enquête de Libération. Un réseau lié aux talibans, Haqqani, est également lié à l’attaque. L’implication directe de la hiérarchie des talibans n’est pas relevée et ses porte-parole l’ont totalement niée. Mais ce réseau, proche des services de renseignement pakistanais selon le journal, « dispose de cellules capables d’organiser ou d’aider à la préparation d’attentats, en fournissant caches, armes, et même des kamikazes ».

Lire la tribune : « A Kaboul, nous refusons qu’un massacre dans une maternité soit un risque ordinaire »

S’ajoute à ce binôme une organisation djihadiste pakistanaise, le Lashkar-e-Taiba, dont le chef de l’EI arrêté en avril avait fait partie. « Ils fonctionnent ensemble, dans un triangle. Le Lashkar-e-Taiba a commandité, le réseau Haqqani a aidé, et des hommes de l’EI ont frappé », résume un officiel des services afghans auprès de Libération, et ajoute qu’une telle organisation a été vue « dans plusieurs autres attentats récents ».

Le flou de l’enquête et la multiplicité des acteurs impliqués ont permis à différents acteurs de pointer les ennemis de choix, en fonction d’intérêts politiques. Le président afghan, Ashraf Ghani, avait préféré relever l’implication supposée des talibans : il s’est opposé à l’avancée des négociations de paix avec les rebelles. A l’inverse, les Etats-Unis – qui ont négocié un accord avec les talibans pour retirer leurs troupes du pays – accusent le groupe Etat islamique et ont demandé au gouvernement de Kaboul de coopérer avec ses ennemis, les talibans, dans cette enquête.

En attendant, faute de sécurité pour ses travailleurs, Médecins sans frontières a décidé, en juin, de fermer cette maternité. « Rester signifierait que nous devons considérer les pertes de vies humaines comme un paramètre de notre activité, ce qui est inconcevable », expliquait alors Thierry Allafort-Duverger, directeur général de MSF.

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Le Monde

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