Les autorités britanniques contraintes d’annuler les résultats du bac

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Des élèves devant le ministère de l’éducation, à Londres, après l’annonce du gouvernement de l’annulation des résultats des A-levels et GCSE (équivalents du bac et du brevet), le 17 août 2020.

Les lycéens anglais ont pu pousser un soupir de soulagement collectif, lundi 17 août. Après quatre jours d’agitation politique au cœur de l’été, le gouvernement britannique a procédé à un spectaculaire revirement et a décidé d’annuler les résultats des A-levels, l’équivalent du bac, qui avaient été annoncés le 13 août seulement. A la place, les étudiants vont recevoir les notes de leur contrôle continu, généralement beaucoup plus favorables. La même décision s’impose pour les GCSE, l’équivalent du diplôme national du brevet.

Les gouvernements gallois et nord-irlandais avaient fait de même quelques heures plus tôt – l’éducation est une compétence décentralisée au Royaume-Uni – tandis que l’Ecosse avait connu la même controverse, et avait effectué en premier le revirement le 11 août. Keir Starmer, le chef de file travailliste, parle de « fiasco ». Pour lui, « l’incompétence est devenue le mot d’ordre de ce gouvernement ».

Au cœur de la controverse se trouve un choix impossible pour les autorités : puisque les épreuves ont été annulées, confinement oblige, faut-il attribuer aux élèves leurs notes de contrôle continu, qui ont tendance à être supérieures aux résultats de l’examen, quitte à dévaloriser le diplôme ? C’est le choix qui a été fait en France, où la réussite au bac cette année a été de 91,5 % avant rattrapage, contre 77,7 % en 2019 – le taux est monté à 95,7 % après rattrapage.

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L’Ofqual, l’organisme chargé de superviser les examens en Angleterre, s’inquiétait de la même dérive. Les notes de contrôle continu pour les A-levels prévoyaient 14 % de A*, la meilleure note, alors que seuls 8 % l’avaient obtenue en 2019. Cela « aurait donné un résultat national tellement élevé qu’il n’en aurait pas été plausible », expliquait l’Ofqual le 13 août.

« Mépris des autorités »

L’organisme, ainsi que ceux responsables des examens dans le reste du Royaume-Uni, ont donc appliqué un processus de « standardisation ». En Angleterre, cela a consisté à abaisser les notes de 39 % des élèves, et à en augmenter 2 %.

Derrière des résultats statistiquement corrects se sont soudain trouvés des milliers de cas absurdes

Mais derrière ces résultats statistiquement corrects se sont soudain trouvés des milliers de cas absurdes. Sur la base du contrôle continu, Michael aurait dû obtenir trois « B ». A la place, l’algorithme lui a décerné trois « E », l’une des pires notes. Même chose pour Charlotte, qui espérait entrer en faculté de médecine. Ses notes de contrôle continu étaient trois « A ». Elle a finalement obtenu A, B et C à ses trois matières, ce qui aurait été éliminatoire pour faire les études de médecine qu’elle souhaitait. Les deux lycéens menaçaient de porter leur cas devant la justice, soutenus par l’association Good Law Project.

Pire encore, l’ajustement défavorisait les classes sociales les plus pauvres. Il était en effet basé sur les résultats de l’année précédente. Un jeune brillant, étudiant dans un établissement historiquement médiocre, aurait donc été sanctionné. Statistiquement, il n’était pas censé réussir.

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Le lycée pour filles Wimbledon High School avait 90 étudiantes en terminale cette année. « Nous avions des classes exceptionnelles, notamment en chimie et biologie. On leur avait prédit seize A*, et nos élèves n’en ont obtenu que sept », témoigne Fionnuala Kennedy, sa directrice. Ces notes inférieures aux attentes ont des répercussions majeures pour l’accession à l’université de son choix.

Mme Kennedy se dit soulagée de constater le demi-tour du gouvernement mais elle est furieuse des hésitations de ces derniers jours. « Alors qu’on est déjà en train de préparer une rentrée particulièrement compliquée, à cause de la pandémie, le mépris des autorités et leur absence de réflexion sur la conséquence de leurs actes sont très agaçants. »

Absence de consultations

Jules White, qui dirige un réseau de directeurs de collèges et lycées, WorthLess ?, déplore aussi l’absence de consultations du ministère de l’éducation. « L’idée de base de standardiser les résultats n’est pas mauvaise, mais il aurait fallu nous écouter, et notamment mieux tenir compte des élèves venant d’un milieu défavorisé. »

Dans cette affaire, le premier ministre britannique, Boris Johnson, qui est en vacances en Ecosse, s’est fait particulièrement discret, laissant en première ligne son ministre de l’éducation, Gavin Williamson.

L’étrangeté politique de la situation est que le gouvernement écossais a connu le même problème quelques jours plus tôt. Nicola Sturgeon, la première ministre, qui sort de la période de confinement renforcée politiquement, a tenté de la même façon de standardiser les résultats. Au début de la polémique, elle a essayé pendant plusieurs jours de tenir, avant de faire demi-tour. Mais le gouvernement de M. Johnson n’en a pas immédiatement tiré les leçons et s’est embourbé dans la même polémique avant de faire volte-face.

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Ces batailles politiques sont cependant secondaires face à la joie débordante de Nina Bunting Mitcham, une lycéenne dont les résultats ont été relevés, et qui témoignait à la BBC lundi : « Grâce à ça, je vais pouvoir devenir vétérinaire [son université l’acceptant avec ses nouvelles notes]. C’est franchement embarrassant pour [le gouvernement] mais ils ont prouvé pour une fois qu’ils avaient un cœur. »

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