A Genève, les grandes oreilles de Moscou

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Par Jacques Follorou

Ingérences russes (5/5). Dans son souci d’étendre par tous les moyens son influence à l’étranger, la Russie de Vladimir Poutine n’hésite pas, par exemple, à envoyer des agents sous couverture diplomatique en Suisse pour espionner certaines institutions internationales.

Evgueni Serebriakov avait fini par croire qu’il n’existait pas de plus beau métier que celui d’espion. Après l’école de formation des services secrets militaires russes (GRU), il avait gravi les échelons jusqu’à devenir chef adjoint de l’unité 26165, tête de pont du cyberespionnage, l’arme préférée du Kremlin. Loin de l’image du geek collé à son ordinateur, cet agent né à Koursk en juillet 1981 s’activait sur le terrain, sous couverture diplomatique. En mission, il ne dédaignait pas, comme à Rio un jour de juillet 2016, se prendre en photo accompagné d’une jolie femme. Sur l’un de ces clichés, on le voit, ravi, calvitie naissante, lunettes de soleil accrochées à son polo.

Comme le reste de l’unité 26165, il fonctionnait en doublette et partait régulièrement avec Alexeï Morenets, de quatre ans son aîné, originaire de Mourmansk. Les deux hommes avaient beau être des espions, ils pouvaient voyager sous leur véritable identité, ce qui accentuait leur sentiment de facilité et d’impunité. En dehors du Brésil, le « diplomate » Serebriakov s’est rendu aux Etats-Unis, en Malaisie ou encore en Suisse. Un pays où il a exercé, à plusieurs reprises, ses talents d’agent secret.

Ainsi, le 19 septembre 2016, Serebriakov et Morenets se trouvent à Lausanne dans un grand hôtel où résident nombre de participants à une conférence organisée par l’Agence mondiale antidopage (AMA). A cette époque, la Russie est au cœur de graves accusations. En juillet, un rapport d’enquête du juriste canadien Richard McLaren, chargé par l’AMA de travailler sur la dimension institutionnelle de cette triche, a fait grand bruit. Un autre rapport est attendu en décembre, centré cette fois sur l’organisation du dopage dans le football russe.

Dans ce contexte, Moscou organise sa riposte, et mobilise Serebriakov et Morenets. Leur mission : aller au plus près de l’adversaire – l’AMA – afin de pénétrer ses systèmes de communication.

Chevaux de Troie

Les unités technologiques du GRU sont habituées à mener des attaques informatiques à distance, depuis Moscou. Mais les dispositifs de sécurité sont parfois si difficiles à contourner, que les cyberespions doivent se déplacer pour entrer dans les ordinateurs grâce aux faiblesses des systèmes WiFi des hôtels ou des centres de conférence. C’est le cas, ce 19 septembre 2016, à Lausanne, où leur cible est l’un des participants à la conférence l’AMA, un responsable du Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES), un organisme qui prône une ligne dure contre la Russie.

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