Le nitrate d’ammonium, un engrais explosif

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Le lieu de l’explosion qui a ravagé une partie de Beyrouth, près du port, mardi 4 août.

Produit par millions de tonnes chaque année, le nitrate d’ammonium, dont l’explosion d’un stock de 2 750 tonnes a ravagé Beyrouth mardi 4 août, faisant au moins 100 morts et 4 000 blessés selon un bilan provisoire de la Croix-Rouge libanaise, est un engrais azoté très utilisé dans le monde entier en agriculture. Il sert aussi couramment d’explosif industriel, mélangé à du fioul. Une « recette » reprise par l’extrémiste américain Timothy McVeigh pour confectionner la bombe qui tua 168 personnes à Oklahoma City le 19 avril 1995.

Ordinairement stable, cette substance également connue sous le nom d’ammonitrate nécessite toutefois une certaine rigueur dans son entreposage en raison de son potentiel explosif. Sous l’effet d’une forte température (au moins 210 °C), ce solide assez dense se décompose subitement en différents gaz dans une réaction qui libère une immense quantité d’énergie et crée une onde de choc avec cet effet de souffle monstrueux qu’ont bien montré les vidéos prises dans la capitale libanaise. Le nuage roux observé peu après l’explosion est caractéristique des oxydes d’azote qui, à forte concentration, peuvent provoquer des irritations.

A Beyrouth, le déclencheur est probablement à chercher du côté de l’incendie qui a précédé l’explosion sur le port. Le scénario serait alors très proche de celui de la première catastrophe connue impliquant cet engrais, qui remonte au 2 avril 1916. Ce jour-là, à Faversham (Royaume-Uni), le feu avait pris dans la poudrerie d’une fabrique de munitions et il fit sauter une réserve de TNT et de nitrate d’ammonium, provoquant la mort de 115 personnes, dont l’intégralité de la brigade de pompiers qui combattait l’incendie au moment de la détonation.

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Une longue liste de catastrophes

Cinq ans plus tard eut lieu une des deux explosions les plus meurtrières à ce jour (en l’absence d’un bilan définitif à Beyrouth) dues à l’ammonitrate. Elle se produisit à l’usine BASF d’Oppau, en Allemagne, lorsque, voulant désagréger un bloc de plusieurs milliers de tonnes de sulfate et de nitrate d’ammonium qui s’était encroûté, les ingénieurs utilisèrent de la dynamite, comme ils en avaient l’habitude. D’ordinaire, le mélange du sulfate et du nitrate d’ammonium empêchait une réaction cataclysmique mais ce ne fut pas le cas cette fois-là et environ 500 personnes trouvèrent la mort ce 21 septembre 1921. L’explosion fut entendue dans l’est de la France et jusqu’à Munich, à quelque 300 km d’Oppau. Un bilan d’une même ampleur fut à déplorer en 1947 dans le port américain de Texas City, suite à l’explosion de près de 2 100 tonnes de nitrate d’ammonium dans le cargo français Grandcamp.

La liste des catastrophes dues à cet engrais est malheureusement longue et compte notamment celle de l’usine AZF à Toulouse, le 21 septembre 2001. Pour des raisons que ni les enquêtes ni les différents procès n’ont complètement élucidées, l’explosion d’un stock d’environ 300 tonnes d’ammonitrate provoqua la mort de 31 personnes.

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