L’Ecole technique officielle de Kigali, mauvaise conscience de l’ONU au Rwanda

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Les lieux du génocide (3/9). Le 11 avril 1994, les casques bleus ont abandonné aux miliciens hutu 2 000 personnes qui avaient trouvé refuge sur le campus.

Par Pierre Lepidi Publié aujourd’hui à 07h00

Temps de Lecture 7 min.

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Yvonne Mukanubaha, rescapée du massacre de l’ETO en 1994, devant le mémorial de Nyanza où sont enterrés ses parents, en janvier 2019, à Kigali.
Yvonne Mukanubaha, rescapée du massacre de l’ETO en 1994, devant le mémorial de Nyanza où sont enterrés ses parents, en janvier 2019, à Kigali. Pierre Lepidi

Dans les allées ou les salles de classe, l’ambiance rappelle celle des campus américains. Des classeurs sous le bras, des étudiants déambulent dans les immenses couloirs, pendant que d’autres préparent un exposé sur un coin de bureau. L’Integrated Polytechnic Regional College (IPRC) de Kigali, au Rwanda, forme aux métiers de l’électricité, de l’électronique, de l’ingénierie civile, de la mécanique… L’établissement est réputé dans toute la région des Grands Lacs.

A l’écart des bâtiments, des élèves enregistrent un court-métrage, d’autres jouent au football. « Même si nous n’étions pas nés en 1994, nous savons ce qui s’est passé ici », assurent Bonheur et Peter, deux étudiants en ingénierie civile âgés de 23 ans : « Ce sont des choses horribles, mais on a appris à vivre avec et à avancer. »

Matelas enflammé

Vénuste Karasira, 66 ans, connaît bien le campus. Il y a vingt-cinq ans, l’IPRC s’appelait Ecole technique officielle (ETO) Don Bosco et, le 8 avril 1994, cet ancien traducteur s’y était réfugié. Depuis l’attentat qui avait coûté la vie au président Juvénal Habyarimana, deux jours plus tôt, Kigali était à feu et à sang. « Dans les rues, la haine était à son paroxysme, raconte-t-il. Il y avait des coups de feu en permanence, des maisons brûlaient. La situation s’aggravait de minute en minute et la Radio des Mille Collines encourageait les meurtres en disant : “Allez les gars, massacrez les Tutsi, il ne doit en rester aucun !” J’habite à 800 mètres d’ici et j’ai mis une heure trente pour venir, à cause des barrages que j’ai contournés prudemment avec ma femme et mes trois enfants. »

Présentation de la série Rwanda : les lieux du génocide

Yvonne Mukanubaha, 20 ans à l’époque, s’est elle aussi réfugiée à l’ETO. Elle arrive le 9 avril au matin avec Gustave, son fils de 2 ans, après avoir passé deux jours à la paroisse du quartier de Kicukiro, juste à côté. « Des miliciens sont venus à la maison dans les premières heures du génocide pour voler nos vaches, se souvient-elle. Malgré les menaces, mon père et ma mère sont restés chez nous pour protéger le domicile. » Ils ont eu tort. Son père est tué à la machette quelques heures après, lorsque les miliciens reviennent. Quant à sa mère, elle sera exécutée quatre jours plus tard, après s’être réfugiée dans une église. Les miliciens l’ont enroulée dans un matelas avant d’y mettre le feu. Au cours du génocide, qui a fait 800 000 morts, selon l’ONU, parmi les Tutsi et les Hutu modérés, les associations de victimes ont recensé 29 façons de tuer.

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