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C’est au Brésil, dans un contexte politique tendu, que se joue un nouveau chapitre des épineuses relations entretenues par le réseau social Facebook avec les autorités judiciaires et la lutte contre les fausses informations. La plate-forme américaine a finalement été contrainte de s’incliner devant la Cour suprême brésilienne et de bloquer dans le monde entier, comme il lui était demandé, les comptes de douze alliés de premier plan du président, Jair Bolsonaro, accusés de diffuser des infox.
L’entreprise s’est toutefois exécutée à regret. Facebook dénonce une décision « extrémiste » et promet de faire appel, déclarant dans un communiqué :
« Cette nouvelle décision de justice est extrémiste, elle représente une menace pour la liberté d’expression et entre en conflit avec les lois et les juridictions du monde entier. »
Cet épisode intervient sur fond de tensions grandissantes entre le président d’extrême droite et la Cour suprême, qui enquête sur des allégations selon lesquelles plusieurs membres de l’entourage de M. Bolsonaro mènent une campagne sur les réseaux sociaux pour discréditer cette institution judiciaire et en menacer les juges.
Des comptes accusés de diffuser infox, diffamation et menaces
Le juge Alexandre de Moraes avait ordonné en juillet la suspension de douze comptes Facebook et de seize comptes Twitter, pour mettre fin à « la diffusion de fausses informations, d’accusations diffamatoires, de menaces et de crimes » contre la Cour suprême. Parmi les comptes suspendus figuraient ceux de l’ancien député conservateur Roberto Jefferson, du magnat des affaires Luciano Hang et de la militante d’extrême droite Sara Winter.
Le 25 juillet, les deux réseaux sociaux avaient effectivement bloqué l’accès aux comptes, mais seulement pour les internautes qui tentaient d’y accéder depuis le Brésil. Les propriétaires des comptes suspendus avaient rapidement contourné l’interdiction en indiquant à leurs abonnés comment modifier les paramètres de leur compte pour les faire apparaître comme provenant d’un autre pays que le Brésil.
Appel du président Bolsonaro
En réponse, le juge Moraes a ordonné aux réseaux sociaux, jeudi 30 juillet, d’appliquer la suspension aux internautes du monde entier. Devant le refus de Facebook, M. Moraes a frappé la société d’une amende de 1,9 million de réaux (environ 310 000 euros), doublée de pénalités journalières supplémentaires si les comptes incriminés n’étaient pas bloqués. Il a également cité à comparaître son dirigeant au Brésil, Conrado Lester.
« Face à la menace de tenir un employé de Facebook Brésil pour pénalement responsable, nous n’avons pas d’autre choix que de nous conformer à la décision en bloquant les comptes dans le monde entier », a écrit Facebook. Le réseau social a précisé qu’il allait faire appel de cette décision devant la Cour suprême brésilienne. Le président Bolsonaro a également annoncé un recours devant la Cour suprême fédérale.
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