En Jordanie, la fronde des enseignants étouffée par le pouvoir

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Le climat politique se durcit en Jordanie. Mercredi 29 juillet, une manifestation de plusieurs centaines d’enseignants, qui protestaient dans le centre d’Amman contre la fermeture de leur syndicat, la seule organisation professionnelle véritablement indépendante du pays, a été brutalement dispersée par la police antiémeute. Des dizaines de professeurs ont été arrêtés et un journaliste qui filmait la scène a été matraqué.

Ces événements interviennent dix jours après une décision de justice restreignant la marge de manœuvre des Frères musulmans, le principal mouvement d’opposition à la couronne hachémite. Ces deux dernières années, des militants critiquant les mesures d’austérité du gouvernement, aux prises avec un endettement galopant, ont aussi été emprisonnés. « On assiste à un glissement vers un ordre politique plus répressif », s’inquiète Adam Coogle, de l’organisation Human Rights Watch. Une dérive qui rompt peu à peu avec la tradition jordanienne d’autoritarisme modéré.

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Le syndicat des professeurs, fondé en 2011, en plein « printemps arabe », dans la foulée des manifestations qui avaient alors secoué la Jordanie, a été fermé samedi 25 juillet de manière expéditive : par une descente de police à son siège d’Amman et dans les locaux de ses onze branches à travers le pays. Les treize membres de son conseil d’administration ont été incarcérés sur la base de supposées « infractions financières ». Tout porte à croire cependant que l’offensive contre cette organisation résulte de considérations politiques.

Bataille remportée contre le gouvernement

A l’automne 2019, fort de ses 100 000 adhérents, le syndicat avait mené et remporté une bataille inédite contre le gouvernement. Au bout d’un mois de grève, rare exemple de mouvement social réussi au Moyen-Orient, les professeurs avaient obtenu la promesse d’une hausse substantielle de leur salaire, entre 35 % et 75 %, selon le mérite et l’ancienneté. Une revalorisation nécessaire pour une profession peu considérée et très mal payée. Mais, en avril, en raison de la crise économique causée par la pandémie de Covid-19, les autorités ont gelé toutes les hausses de salaire du secteur public.

Cette décision unilatérale a provoqué la colère du syndicat, qui laissait planer ces derniers jours la menace d’une relance de la grève à la rentrée de septembre. La perspective d’un nouveau conflit social, s’ajoutant à la crise sanitaire et aux difficultés économiques du royaume – un pays sans ressources qui vit des perfusions de ses alliés arabes et occidentaux –, a incité le pouvoir à sévir. En plus de fermer le syndicat pour une durée de deux ans, les autorités ont interdit aux médias locaux de couvrir les protestations de ses membres.

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