Aux Etats-Unis, un enfant noir a plus de risques de mourir des suites d’une opération chirurgicale qu’un enfant blanc

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Enfants à Garfield Park, à Indianapolis, en juin 2020.

La découverte est inédite. Même s’il a déjà été prouvé que les Afro-Américains rencontraient plus de complications postopératoires que les Américains blancs (en raison de comorbidités plus fréquentes, comme le diabète, l’obésité ou les maladies cardiovasculaires), le fait que ces disparités puissent exister entre des enfants en bonne santé, sans affection chronique ou autres facteurs de risque, n’avait pas encore été constaté jusqu’alors.

Le NSQIP-P a permis aux chercheurs d’examiner un échantillon de 172 549 enfants en bonne santé

L’équipe de recherche de l’hôpital national pour enfants de Colombus, dans l’état de l’Ohio, a montré dans une étude que les enfants afro-américains avaient 3,43 fois plus de chances de mourir dans les trente jours après une opération chirurgicale que les enfants blancs. « Notre hypothèse était que les taux de complications et/ou de mortalité parmi des enfants en bonne santé ne fluctueraient pas en fonction de la catégorie raciale. Mais nos résultats montrent que si », explique Olubukola Nafiu, pédiatre anesthésiste et auteur principal de l’étude, dans un communiqué de presse.

Les chercheurs détaillent leur mode opératoire dans un article de la revue médicale Pediatrics paru lundi 20 juillet. L’étude a été menée en analysant la base de données, pour la période de 2012 à 2017, du programme national d’amélioration de la qualité chirurgicale en pédiatrie (National Surgical Quality Improvement Program-Pediatric – NSQIP-P) proposé par l’American College of Surgeons, une association de chirurgiens. Le NSQIP-P collecte des données dans 186 centres médicaux à travers les Etats-Unis, et a permis aux chercheurs d’examiner un échantillon de 172 549 enfants en bonne santé.

Des variables à prendre en compte

L’étude a permis de révéler que même chez des patients sains les complications et le taux de mortalité postopératoires étaient plus élevés pour les Noirs que pour les Blancs. L’écart entre les deux populations ne saurait donc se résumer aux comorbidités préopératoires.

Si ce traitement de données met en lumière une différence flagrante entre enfants blancs et noirs, il comporte des limites, puisqu’il ne permet pas concrètement d’en expliquer la raison. Pour y parvenir, il manque aux chercheurs des informations précieuses, comme le type d’hôpital qui accueille les patients : « Nous n’avons pas pu prendre en compte les endroits où ces patients étaient opérés, bien que d’autres chercheurs ont prouvé que les patients issus des minorités recevaient des soins de moins bonne qualité, écrit l’équipe de recherche. Malheureusement, le programme NSQIP-P décourage fortement les tentatives d’identification des hôpitaux spécifiques dans la base de données. »

En 2018, 11 % de la population noire (hors personnes âgées) n’avait pas d’assurance-maladie, faute de moyens

Les médecins ajoutent à cela le risque que les enfants figurant dans leur échantillon aient été soignés dans une poignée d’hôpitaux seulement, car les complications postopératoires restent rares sur les jeunes patients. Ils craignent que les résultats ne soient donc pas représentatifs d’une situation existant sur l’ensemble du territoire. Enfin, Olubukola Nafui et ses collègues n’avaient pas d’information quant au statut des patients concernant la sécurité sociale, qui peut être un indicateur socio-économique important aux Etats-Unis (en 2018, 11 % de la population noire, hors personnes âgées, n’avait pas d’assurance-maladie, faute de moyens. Et seulement 55,4 % avaient une assurance privée, contre 74,8 % de la population blanche).

Les chercheurs rappellent que ce sont des données brutes qui ont permis de révéler ces résultats, et que l’écart entre enfants noirs et blancs est un simple constat. Pour Olubokola Nafui et son équipe, « la prochaine tâche consiste à examiner quelles complications postopératoires sont à l’origine de la morbidité et du taux de mortalité observés afin d’identifier des résultats qui pourraient varier ».

Inégalités raciales connues dans le secteur de la santé

Les résultats de cette étude, même si elle comporte des limites, permettent de mettre à nouveau l’accent sur un phénomène déjà identifié depuis longtemps : les inégalités entre Blancs et Noirs existent aussi dans le secteur de la santé aux Etats-Unis. L’association White Coats for Black Lives (blouses blanches pour vies noires), créée en 2015 et mobilisée pendant les récentes manifestations du mouvement Black Lives Matter, en juin, affirme que « le racisme est un problème de santé publique ».

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Les Afro-Américains sont aussi confrontés à des discriminations causées par des préjugés racistes

Les Afro-Américains rencontrent davantage de difficultés dans l’accès aux soins. En plus du coût de l’assurance-maladie, ils sont confrontés à des discriminations causées par des préjugés racistes, conscients ou inconscients, de la part du corps médical. Ces a priori ont des conséquences négatives sur leur prise en charge par le personnel de santé. Une étude publiée en 2016, et menée sur 222 étudiants en médecine, révélait que le tiers d’entre eux croyait, par exemple, que la peau noire est plus épaisse que la peau blanche, ce qui peut avoir des conséquences directes notamment sur leur gestion de la douleur et leur empathie vis-à-vis des patients.

Même les algorithmes se montrent défavorables. C’est le cas pour un logiciel d’aide à la décision souvent utilisé par les hôpitaux, les organismes de santé et les cabinets d’assurance, qui permet l’évaluation de personnes ayant besoin de soins dans les années à venir. Au cours de ses recherches, une équipe de scientifiques a réalisé que l’algorithme utilisé attribuait le même score à des personnes noires malades et à des personnes blanches à l’état de santé moins préoccupant.

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