[Femme Magazine] Nicolas Boinette : “Drag-queen, c’est être artiste”

0
100

[ad_1]

Cela fait maintenant un an que le Dionysien a posé ses valises dans la capitale de la mode, Paris. Avec un but précis, sortir de son cocon et déployer ses ailes de drag-queen. Rencontre colorée avec Nicolas Boinette !

 

Propos recueillis par Bradley Chan

Femme Magazine : À toi Nicolas, présente-toi, dis-nous tout !

Nicolas Boinette : J’ai fait des études de graphisme à La Réunion. Le voyage étant une de mes passions, j’ai eu l’opportunité d’exercer en tant qu’agent d’accompagnement. J’ai pu visiter quelques coins de notre globe au-delà des responsabilités que j’avais, car je voyageais avec des groupes d’une centaine de personnes. Puis, je me suis vite orienté vers le make-up en travaillant pour une enseigne distributrice de cosmétiques et de parfums. J’aime beaucoup ce milieu créatif où il faut toujours être à l’affût des nouvelles tendances.

 

 

F.M. : Comment t’est venue cette passion, cette envie de devenir drag-queen ?

N.B. : Tout a commencé lorsque j’ai fait mes débuts dans le make-up et quand j’ai créé ma chaîne YouTube sur le maquillage. Avec le temps, ça m’a amené à faire plus de choses, mais surtout à découvrir d’autres horizons. Le drag, on peut dire que c’est une continuité de mes expériences, mais aussi une continuité de ma personne. Au-delà de mon parcours professionnel, j’ai aussi participé à Mister Reunion Island il y a deux ans. C’est, je pense, le point de départ de ma passion pour la scène et le spectacle. On va dire que c’est la somme de toutes mes passions qui m’a poussé à me lancer dans le drag.

 

 

F.M. : Peux-tu nous donner ta définition de la drag-queen ?

N.B. : La définition de la drag-queen est très vaste et chacun peut s’y retrouver ! Mais de manière plus concrète, le drag est un art, un moyen d’expression à travers nos looks, nos make-up, nos performances ! Et c’est aussi ce qui différencie la drag-queen d’une personne travestie ou transgenre, car le drag est une démarche artistique et non une identité ou une recherche identitaire. Ainsi, tout le monde peut faire du drag et ce, peu importe son genre ou même son orientation sexuelle.

 

 

F.M. : Est-ce que cette découverte n’a pas été une surprise pour ton entourage ?

N.B. : Pour certaines personnes, c’était la suite logique de mon parcours. Ma sœur, par exemple, connaît mon engouement pour la mode, masculine mais aussi féminine. Pour d’autres, c’est vrai que ça a été un choc, mais en découvrant mon travail, ils ont compris que c’était beaucoup plus une démarche artistique qu’identitaire.

 

 

F.M. : Ce départ et cette installation à Paris, était-ce dans une quête de liberté et d’ouverture sur ce milieu ?

N.B. : Je n’ai pas quitté La Réunion pour faire du drag ! Mais le fait d’être à Paris m’a encore plus ouvert à ce monde. Je pense qu’à La Réunion, cette communauté ne s’est pas encore affirmée. Les esprits ne sont peut-être pas assez ouverts pour que des shows puissent être organisés. Ce que je veux dire, c’est que, sur notre petit bout de paradis, on ne peut pas vivre du drag, du moins pas pour l’instant… J’espère, en ce sens, que mon expérience ouvrira la voie à ceux qui n’osent pas franchir le pas.

 

 

F.M. : Comment as-tu composé ton personnage, NormaBell ?

N.B. : Norma n’est pas une autre personne, c’est une continuité de moi-même. D’où ce choix du pseudo : NormaBell ! Norma qui vient de “norme” car mon but est de casser les codes de la normalité et de divertir les gens. Et Bell qui vient du mot “cloche” en anglais et qui renvoie à une idée de résonance, avec l’espoir que mon travail soit un jour reconnu. Le drag nous permet de braver toutes ces normes sociales qui nous brident. On va dire que Norma a ce petit côté à la fois glamour, vintage et raffiné. Je voulais avant tout garder mon identité et c’est pour ça que j’ai repris les mêmes initiales que mon identité civile.

 

 

F.M. : Quelles sont tes influences ?

N.B. : J’ai été influencé par deux drag-queens françaises : Cookie Kunty et Kam Hugh. Elles sont vraiment géniales ! Cookie Kunty a cet instinct créatif qui attire l’oeil et le regard. Ses looks et ses make-up sont toujours très bien élaborés. Sa perfection m’impressionne, elle réussit toujours à avoir le même résultat en photos et en “live” comme on dit. Kam Hugh, elle, est parfaite de la perruque aux ongles (rires) ! Rien n’est laissé au hasard. Et c’est d’ailleurs grâce à sa chaîne YouTube que j’ai appris à me maquiller.
A l’internationale, j’aime énormément Naomi Smalls ! Elle m’inspire beaucoup de par son côté mannequin : ses longues jambes, son regard et son côté raffiné, que je recherche et dont je m’inspire. Toutefois, je vous avoue que tout peut m’inspirer : un objet aperçu dans la rue, un motif sur un vêtement… Enfin, on peut puiser son inspiration dans tout ce qui nous entoure. C’est vrai que ma drag, Normabell, est plutôt du genre élégante avec, parfois, une touche de rétro, mais aussi un côté mannequin. J’aime cette versatilité dans le drag, on peut être qui on veut et c’est aussi le cas dans mes looks, ils peuvent être très différents !

 

 

F.M. : Comment s’est passée ton intégration dans cette communauté ? Raconte-nous…

N.B. : On peut penser que le drag, c’est comme le mannequinat : que l’apparence amène à une compétition. Certes, il y a un lien avec la mode, mais être drag, c’est appartenir à une famille, c’est faire des spectacles. Dans cette communauté, tout le monde est le bienvenu, les shows comme les performances sont ouverts à tous. Le but du drag, c’est de distraire tout en profitant et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de faire ça aujourd’hui. Il faut le dire, la communauté LGBT est souvent la cible de mépris et de moqueries, mais en étant dans la communauté drag, on passe outre ça, on s’amuse, on rigole et on fait le show !

 

 

F.M. : Quel serait ton conseil à un jeune qui, comme toi, souhaite prendre cette voie ?

N.B. : Le conseil que je pourrais donner est de se lancer ! Le plus dur, c’est vraiment de sauter le pas, car on a souvent peur de la réaction des autres, mais on vit pour soi et pas pour les autres ! Et si c’est la peur de ne pas savoir faire qui vous bloque, dites-vous bien que le maquillage, les looks et même les shows, tout ça se travaille. Ce n’est pas parce que vous pensez ne pas savoir faire que vous n’allez pas y arriver. Essayez et vous verrez !

[ad_2]

Source link

clicanoo

Have something to say? Leave a comment: