« L’Allemagne préfère réagir à ce qui se passe dans le monde plutôt qu’agir de sa propre initiative »

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Au-delà de la faible contribution budgétaire de l’Allemagne à l’OTAN, Julianne Smith, ex-conseillère du vice-président américain Joe Biden, estime que l’attentisme de Berlin sur les sujets stratégiques est de nature à affaiblir l’Alliance.

Propos recueillis par Thomas Wieder Publié aujourd’hui à 12h21, mis à jour à 12h21

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Julianne Smith.
Julianne Smith. CNAS

Spécialiste des relations transatlantiques, Julianne Smith est membre du Center for a New American Security, un think tank basé à Washington, ainsi que chercheuse à la Robert Bosch Academy de Berlin. De 2012 à 2013, elle a été conseillère adjointe à la sécurité nationale auprès du vice-président démocrate des Etats-Unis Joseph Biden.

Pendant sa campagne de 2016, Donald Trump qualifiait d’« obsolète » l’OTAN. A-t-il eu raison ?

Ce terme ne convient pas, car l’utilité de l’OTAN n’est pas en cause. Cela ne signifie pas pour autant que Donald Trump n’ait pas raison en partie. Par exemple, quand il demande aux membres de l’OTAN de respecter leurs engagements budgétaires. Il n’est d’ailleurs pas le premier président américain à le dire.

Ce qui est nouveau avec Trump, ce sont deux choses. D’abord, il est le premier président américain à avoir laissé entendre qu’il ne se sentait pas lié par l’article 5 du traité de 1949, selon lequel les membres de l’OTAN s’engagent à se porter assistance en cas d’agression contre l’un d’entre eux. Jamais on n’avait vu ça. Second point, il n’a aucune considération pour l’OTAN en tant que telle : jamais il ne parle de sa raison d’être, de ses objectifs, de ses valeurs. Avec l’OTAN, Trump a une relation purement transactionnelle. Sa seule obsession, c’est l’argent que ses membres mettent sur la table. Le reste ne l’intéresse pas. Or la question n’est pas seulement de savoir combien ils dépensent, mais à quoi sert cet argent.

Parmi les pays ne respectant pas l’objectif des 2 % de leur PIB à verser pour la défense d’ici à 2024, il en est un, l’Allemagne, qui irrite particulièrement M. Trump. Pourquoi ?

Trump a un problème général avec l’Allemagne. Il désapprouve ce que la chancelière Angela Merkel a fait pour les réfugiés en 2015, et considère que sa politique commerciale menace l’économie américaine. Il est aussi en désaccord total avec la vision que défend Berlin des relations internationales, fondée sur la promotion du multilatéralisme. Concernant l’OTAN, Trump ne comprend pas qu’un pays à l’économie florissante ne respecte pas ses engagements budgétaires vis-à-vis d’une organisation qui a autant compté, notamment pendant la guerre froide, pour sa propre sécurité. Il le supporte d’autant moins que l’Allemagne se rapproche de la Russie avec le projet de gazoduc Nord Stream 2. A ses yeux, c’est la preuve que Berlin n’est pas si attaché qu’il le dit à la relation transatlantique.

Heiko Maas, le ministre allemand des affaires étrangères, lors de la rencontre avec ses homologues de l’OTAN, le 4 avril, à Washington, à l’occasion des 70 ans de l’organisation.
Heiko Maas, le ministre allemand des affaires étrangères, lors de la rencontre avec ses homologues de l’OTAN, le 4 avril, à Washington, à l’occasion des 70 ans de l’organisation. JOSHUA ROBERTS / REUTERS

En 2018, Mme Merkel avait déjà dit que l’objectif des 2 % ne serait pas atteint en 2024. Selon les prévisions budgétaires présentées mi-mars, la part du PIB consacrée à la défense devrait s’établir à 1,25 % en 2023, loin de l’objectif initial. La crédibilité de l’Allemagne est-elle en jeu ?

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