En Côte d’Ivoire, deuil national, choc et incertitudes après la mort du premier ministre

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Le premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly le 8 juillet 2020.

Il aura fallu le décès brutal, mercredi 8 juillet, du premier ministre Amadou Gon Coulibaly, pour que soient mises entre parenthèses les rivalités politiques ivoiriennes. Les drapeaux sont en berne et un deuil national de huit jours a été décrété à compter du 10 juillet. Les obsèques ont été fixées les 14 et 15 juillet à Abidjan, avant que, le vendredi suivant, M. Gon Coulibaly soit inhumé à Korhogo, sa ville natale et son fief politique, dans le Nord.

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Depuis la mort, des suites de problèmes cardiaques, du plus proche collaborateur et dauphin désigné du président Alassane Ouattara, les hommages se succèdent de toutes parts. Unanimes.

Le président français Emmanuel Macron a salué « la mémoire et le dévouement d’un grand serviteur de la Côte d’Ivoire, artisan de son redressement économique et ami fidèle de la France ». Des condoléances partagées par de nombreux chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest. Le président nigérien Mahamadou Issoufou a fait part de sa « grande émotion », le Burkinabé Roch Kaboré de sa « tristesse » et leur homologue sénégalais Macky Sall de sa « peine ».

« Une longue fraternité »

En Côte d’Ivoire, le ministre de la défense, Hamed Bakayoko, qui avait assuré l’intérim pendant les deux mois d’absence du premier ministre et a souvent été opposé à lui au sein du camp présidentiel, a estimé sur les réseaux sociaux que son pays avait perdu « un digne fils, un grand serviteur » qui restera « un modèle ».

Guillaume Soro, ancien président de l’Assemblée nationale et ex-rebelle, qui vit aujourd’hui en exil en France après avoir été condamné à vingt ans de prison, a rappelé pour sa part avoir « partagé une longue fraternité » avec « AGC ». Dans les rangs de l’opposition, Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), a décrit à la télévision nationale « un travailleur infatigable ». L’ancien président Laurent Gbagbo, dont « AGC » fut un compagnon de route politique entre 1995 et 1999 durant le temps du « Front républicain » puis le ministre dans les gouvernements d’union nationale qui suivirent la rébellion, s’est incliné « avec respect devant la mémoire du grand serviteur de l’Etat ». Enfin, Henri Konan Bédié, qui devait être l’un de ses adversaires à la présidentielle d’octobre, a évoqué « un exemple de loyauté et de fidélité ».

Si le décès du premier ministre n’a pas suscité de manifestations particulières, les unités de gendarmerie ont été placées en alerte et, dans les rues d’Abidjan, de nombreux Ivoiriens semblaient sonnés jeudi. « Il était revenu de sa maladie, je croyais qu’il allait bien », s’est étonnée Johanne Ibo Kouakou, une commerçante, qui comme la plupart de ses concitoyens avait vu les images du retour en grande pompe au pays du premier ministre quelques jours plus tôt, après deux mois passés en France pour raison de santé. Interrogés à la volée, certains vont jusqu’à suggérer que ce retour avait été précipité pour lui permettre d’être candidat et que « la politique l’a tué ».

« Quand j’ai appris la nouvelle, je me suis allongé et j’ai fondu en larmes, je n’ai pas pu faire autrement. C’était notre futur président. Maintenant, qui sera candidat ? », s’interroge Fofana, un sympathisant du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir.

La grande inconnue du moment

C’est désormais la grande inconnue du moment. « Toutes les options sont sur la table, y compris une nouvelle candidature du président Ouattara, a expliqué jeudi Adama Bictogo, le directeur exécutif du RHDP. A ce stade, je ne peux pas vous dire qui, mais ce sera un choix de rassemblement. » Sans plan B, la majorité n’a pas beaucoup de cordes à son arc, et n’exclut donc pas l’option d’une nouvelle candidature du chef de l’Etat, alors que celui-ci avait annoncé le 5 mars sa décision de passer la main « à une nouvelle génération ». « J’étais avec lui tout à l’heure, il est dévasté, assure M. Bictogo. Il se doit d’écouter la base des militants qui lui donnera son orientation, mais la dernière décision lui revient (…) C’est un cas de force majeure. » La désignation du nouveau candidat de la majorité devrait se faire peu après les obsèques.

La Commission électorale indépendante (CEI) a donné jusqu’au 1er septembre pour rendre les candidatures. La Constitution ivoirienne limite à deux le nombre des mandats présidentiels. Mais le chef de l’Etat estime que le changement de Constitution en 2016, qui a eu lieu après sa réélection, lui donne légalement le droit de se présenter, l’opposition soutenant que l’esprit de la Constitution le lui interdit.

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Choisi en mars comme le candidat de son parti à l’élection dont le premier tour a été fixé au 31 octobre, M. Gon Coulibaly « était plus qu’important dans le dispositif : il était le dispositif », estime le politologue Jean Alabro. Le RHDP a-t-il une chance de remporter le scrutin sans lui ? Parce qu’il maille tout le territoire, « le parti a un poids, une notoriété et une activité qui peuvent permettre à un nouveau leader de l’emporter », pense Modeste Goran, professeur de l’université Félix-Houphouet-Boigny d’Abidjan. Les noms les plus cités jusqu’ici pour reprendre le flambeau sont celui de Hamed Bakayoko, le ministre de la défense, et de Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence.

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