En matière de régulation numérique, « l’Union européenne doit passer à une éthique de responsabilité »

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Tribune. Le 8 juin, l’entreprise IBM annonçait qu’elle ne vendrait, ni ne développerait plus de technologies de reconnaissance faciale. Dans la foulée, ce sont deux autres grands industriels du numérique, Amazon et Microsoft, qui lui ont emboîté le pas, annonçant désormais ne plus commercialiser ce type de technologies auprès des forces de police tant que cet usage ne serait pas encadré.

Au-delà du coup d’éclat dans un contexte politique particulièrement vif aux Etats-Unis et avec des forts échos dans le monde entier, ces annonces nous interrogent sur le rapport du secteur de la technologie à l’éthique. Si ces entreprises possédaient déjà des standards éthiques sur les technologies de reconnaissance faciale bien établis, auraient-elles en effet vendu ces technologies aux forces de l’ordre ?

Ce débat nous ramène aux deux formes d’éthique telles que définies par [le sociologue allemand] Max Weber (1864-1920) : une éthique de conviction et une éthique de responsabilité.

La première revient à agir en fonction d’une conviction supérieure qui rend certain de son action.

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La seconde revient à agir en fonction des conséquences de ses actes et peut être nourrie également de conviction. L’actualité témoigne d’une incapacité à faire avancer une éthique de responsabilité dans le champ numérique.

Profondes faiblesses

Pourtant, les controverses n’ont souvent pas beaucoup d’utilité sociale. Elles tendent à imposer des croyances – positives ou négatives ou mal fondées – qui favorisent peu l’« empowerment » [le pouvoir d’agir] du citoyen. Elles ne permettent pas de remettre en cause des routines d’usage qu’il faudrait questionner : par exemple, des usages de loisirs – à l’instar du « face swapping » [procédé de photomontage] – qui participent de la banalisation de la reconnaissance faciale. Les acteurs sont enfermés dans des convictions et n’avancent pas dans leur responsabilité.

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Dans la même veine, les discours sur la souveraineté numérique européenne qui lient l’éthique à une troisième voie européenne demeurent incantatoires. Alors que les droits et libertés fondamentaux, au plus haut niveau de la hiérarchie des normes et promus par le cadre juridique européen, notamment la Charte des droits fondamentaux, doivent être le ferment de cette approche éthique, en pratique, l’application de ce cadre juridique est marquée de profondes faiblesses.

L’Union européenne doit sortir de cette incantation et passer à une éthique de responsabilité. Pour rendre ce cadre efficient et ces principes opérants, notre continent doit se saisir politiquement des enjeux de la standardisation et ne pas la réduire à une discussion technique. Les Etats-Unis et la Chine l’ont bien compris et ont historiquement fait de la normalisation un terrain de bataille entre puissances dans le champ des technologies.

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