« Il faut restaurer la confiance des ménages et des entreprises »

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Francois Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, à Fukuoka, au Japon, en juin 2019.

En 2019, alors que l’économie était au beau fixe, il fêtait les 20 ans de l’euro. En 2018, il appelait Emmanuel Macron à freiner les dépenses publiques. Cette année, alors que la pandémie de Covid-19 a bouleversé nos pays, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a quelque peu modifié la tonalité de sa traditionnelle « Lettre au président de la République » pour se livrer à un diagnostic sur « les économies française et européennes à l’heure du Covid19 ».

Le tableau qu’il dresse rejoint le consensus des observateurs : « Le choc Covid a été d’une brutalité sans précédent », écrit-il, rappelant que l’activité a plongé de 32 % en mars, avant de rebondir modérément. « Le chômage devrait connaître un pic temporaire en 2021, et l’économie française ne retrouverait son niveau d’avant-crise qu’en 2022. »

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Face au plongeon de l’activité, l’Etat a réagi en déployant rapidement une série d’aides telles que le chômage partiel et les prêts garantis aux entreprises, afin d’aider les ménages et les PME à passer l’orage. Un bouclier efficace, doublé de l’action de la Banque centrale européenne (BCE), qui n’a pas hésité à gonfler son programme de rachat de dettes publiques et privées pour soutenir l’activité.

Se méfier de « la tentation des remèdes publics miracles »

Désormais, même si les incertitudes sont encore nombreuses, « il nous faut passer de la mobilisation d’urgence à une phase de reconstruction plus stratégique et sélective, avec une priorité : restaurer la confiance des acteurs privés ; ménages et entreprises », explique le gouverneur au Monde. Mais sa lettre met en garde : « La forte présence – indispensable – de l’Etat et de la Banque centrale européenne pendant la phase d’urgence a pu créer une accoutumance : collectivement, nous attendons trop demain des seules politiques budgétaire et monétaire. »

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Rebondissant sur le débat actuel à ce propos, il appelle à se méfier de « la tentation des remèdes publics miracles : la dette publique ne peut pas être annulée », et elle ne peut pas être convertie en dette perpétuelle, assure-t-il. Dans un paragraphe se voulant pédagogique, le document explique que si la Banque de France annulait les 400 milliards de titres publics français qu’elle détient (ce qui est en théorie interdit par les traités), « le patrimoine collectif serait appauvri d’autant, dans la mesure où l’Etat est son actionnaire unique ». Le risque serait en outre d’alimenter la défiance à l’égard de l’euro. Un argument qui peinera sans doute à convaincre ceux assurant qu’une telle manœuvre serait au contraire indolore.

« Préparer les jeunes aux métiers de demain »

Que faire, dès lors, pour relancer l’activité et restaurer la confiance du secteur privé ? Comment convaincre les ménages de consommer les 100 milliards d’euros supplémentaires qu’ils ont épargnés durant le confinement ? En leur apportant de la stabilité, avance le gouverneur. Celle de notre système de protection sociale. Ainsi que celle de la fiscalité, en n’augmentant pas les impôts, car cela pourrait étouffer la reprise… Mais en ne les baissant pas non plus : « La France n’a pas les moyens de financer de nouvelles baisses d’impôts, après celles entreprises ces dernières années. »

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François Villeroy de Galhau souligne également qu’il convient de mettre l’accent sur l’apprentissage et la formation, indispensables pour permettre à notre économie de se moderniser, en ne laissant personne de côté. « On ne peut pas redémarrer à l’identique : il est essentiel de préparer les jeunes aux métiers de demain, notamment autour des transitions environnementale et numérique ». Deux mutations que le plan de relance de 750 milliards d’euros sur lequel travaille l’Union européenne sera susceptible d’accompagner, avec l’instauration d’une véritable politique budgétaire européenne : « Cette crise peut offrir l’opportunité d’une réponse européenne forte. »

Le gouverneur reprend, enfin, une partie de ses recommandations classiques en matière de finances publiques : contenir notre endettement. « Nous n’avons pas bien géré la trajectoire de la dette publique ces vingt dernières années, ce qui limite nos marges de manœuvre pour l’avenir », prévient-il. Stabiliser le volume des dépenses publiques primaires (hors charges d’intérêt) permettrait, selon sa lettre, de ramener notre endettement – en dehors de celui contracté pour lutter contre la pandémie – de 100 % à 80 % du produit intérieur brut (PIB) en dix ans.

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