L’Union européenne et le défi de Hongkong

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Editorial du « Monde ». Depuis que Pékin a imposé à Hongkong sa loi dite « sur la sécurité nationale », le 30 juin, pour mater l’opposition démocratique, l’Union européenne (UE) ne cesse de faire part de sa « préoccupation » sur tous les tons, qu’elle soit « vive », « grave » ou « profonde ». Ces formulations diplomatiques convenues masquent mal la gêne des Vingt-Sept sur l’attitude à adopter face au coup de force du régime de Xi Jinping.

Pékin bafoue ses engagements internationaux en enterrant le principe « un pays, deux systèmes », qui garantissait aux habitants de Hongkong la liberté d’expression et un système judiciaire indépendant jusqu’à 2047. Pour l’Europe, dont le chef de la diplomatie, Josep Borrell, affirme régulièrement qu’elle doit « apprendre à parler le langage de la puissance » pour défendre « ses valeurs et ses intérêts », c’est un véritable défi : ce sont bien ces mêmes valeurs qui sont ici piétinées.

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Mais, au lieu de la fermeté qui s’impose, c’est la faiblesse de la réaction de Bruxelles qui frappe. Washington s’est dit prêt à s’opposer à l’exportation d’armes et de technologies sensibles vers Hongkong et à révoquer le statut commercial spécial du territoire. Le Canada a suspendu son traité d’extradition. Le Royaume-Uni a promis d’ouvrir la voie à la citoyenneté britannique à près de trois millions de Hongkongais. Pris au piège de leur interdépendance asymétrique avec la Chine sur le plan économique, les Vingt-Sept condamnent, eux, l’initiative de Pékin du bout des lèvres.

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Certains Etats membres ont, ces dernières années, cédé aux sirènes de Pékin en acceptant des partenariats économiques. Moins vulnérable, l’Allemagne, qui a pris le 1er juillet la présidence tournante de l’UE, peine pourtant à dépasser une relation économique patiemment tissée avec la Chine depuis quinze ans, qui permet à Berlin d’échanger plus de 200 milliards d’euros de biens et de services par an. La chancelière Angela Merkel, qui sait que le socle de l’économie allemande repose sur l’excédent de sa balance commerciale, brille par son silence sur Hongkong – comme l’Elysée, d’ailleurs –, craignant d’altérer sa relation avec Pékin au moment où il faut relancer la machine en sortant de la pandémie.

La Chine de Xi Jinping s’est désinhibée

Il ne s’agit pas pour l’UE d’entrer dans une confrontation avec la Chine, ni de faire cause commune avec les Etats-Unis dans leur volonté de régler leur différend avec Pékin par un unilatéralisme qui s’est révélé jusqu’à présent peu efficace. Mais, si les Vingt-Sept savent à peu près ce qu’ils ne sont pas prêts à faire, ils doivent s’accorder sur ce qu’ils veulent réellement entreprendre pour se faire entendre.

L’illusion selon laquelle la Chine resterait une puissance du statu quo a fait long feu. Avec la pandémie, les masques sont tombés. La Chine de Xi Jinping s’est désinhibée, multipliant les démonstrations de force tous azimuts, usant d’une rhétorique agressive pour appuyer sa politique et discréditer le modèle européen, justifiant la définition de « rivale systémique » adoptée par Bruxelles en 2019.

La brutalité de la mainmise de Pékin sur Hongkong constitue un crash test pour la « Commission géopolitique » chère à sa présidente, Ursula von der Leyen. L’Europe pourrait au minimum proposer d’accueillir les Hongkongais désireux de fuir le régime autoritaire de Pékin. Si elle veut être un acteur mondial et se faire respecter, l’UE n’a d’autre choix que celui d’élever la voix face à la Chine et de se mettre d’accord sur une série de mesures communes et crédibles.

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Le Monde

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