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Epuisés mais soulagés d’être enfin arrivés en Europe : après une traversée mouvementée depuis les côtes nord-africaines, 180 migrants secourus en Méditerranée par le navire humanitaire Ocean Viking ont commencé lundi 6 juillet au soir à débarquer en Sicile, pour être placés en quarantaine.
En file indienne, masque chirurgical sur le visage et portant leurs maigres affaires dans un sac à dos qui leur avait été donné à leur arrivée sur l’Ocean Viking, les migrants, pour l’essentiel des Bangladais, Pakistanais, Nord-Africains ou Érythréens ayant fui la Libye, ont commencé à quitter le bateau ambulance vers 23 h 40. Les migrants testés négatifs au coronavirus dimanche par une équipe médicale italienne ont été les premiers évacués.
Deux semaines de quarantaine
A l’issue de neuf jours de blocage en mer, les autorités maritimes italiennes avaient autorisé dimanche le navire de l’ONG basée à Marseille SOS Méditerranée, à bord duquel se trouve un journaliste de l’AFP, à accoster dans le port sicilien de Porto Empedocle.
Le périple des migrants est loin toutefois d’être terminé : à cause du coronavirus, ils devraient être placés en quarantaine pendant au moins deux semaines sur le ferry Moby Zaza, amarré à une centaine de mètres de l’Ocean Viking.
Cet immense ferry blanc sur lequel sont peints en couleurs les personnages des Looney Tunes, Titi, le chat Sylvestre ou encore Taz, accueillaient depuis deux semaines 200 autres migrants secourus en mer par le navire humanitaire Sea Watch, puis eux aussi placés en quarantaine.
Trente d’entre eux testés positifs au coronavirus resteront à bord à l’isolement dans une « zone rouge », tandis que 169 autres ont été évacués à terre lundi. Le navire a ensuite été désinfecté.
Les Siciliens inquiets
Depuis le matin, les migrants de l’Ocean Viking attendaient ce débarquement en Sicile en regardant le littoral depuis le pont du bateau.
« Je suis très heureux qu’on ait finalement trouvé un lieu sûr, pour une vie en sécurité », expliquait Mohammad Irshad, un Pakistanais heureux de pouvoir fêter bientôt son 23e anniversaire en Italie. « Ça été très difficile en Libye et je ne peux même pas expliquer la joie que l’on ressent aujourd’hui, c’est juste incroyable ».
L’attente ces derniers jours pour se voir attribuer un port de débarquement avait suscité de fortes tensions, avec notamment des menaces physiques envers l’équipe de SOS Méditerranée émanant d’un petit groupe de Nord-Africains qui avait poussé l’ONG à se décréter vendredi en état d’urgence pour la première fois de son histoire.
« Le retard inutile de ce débarquement a mis des vies en danger », a expliqué SOS Méditerranée, déplorant en particulier l’absence de « solidarité » européenne.
« Protéger les citoyens »
La reprise de l’activité de l’Ocean Viking s’est faite dans un contexte de forte reprise des traversées de la Méditerranée centrale. Et l’Italie craint de voir arriver le plus gros contingent de navires humanitaires.
La maire de Porto Empedocle a réclamé lundi devant les journalistes massés sur le port l’envoi de l’armée pour « protéger les citoyens », déplorant l’arrivée de migrants alors que la Sicile, province pauvre de l’extrême sud de l’Italie, a grandement souffert du confinement.
« L’image donnée aux Italiens et à l’international est négative avec les nombreux cas de coronavirus. Ici [en Sicile], on a fait des efforts considérables jusqu’à se ruiner économiquement pour éviter les contaminations. Il n’y en a pas ici. Ma commune voit son image écornée » au moment où elle compte sur la reprise de la saison touristique pour faire redémarrer son activité, a ajouté Ida Carmina.
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