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Accusés par deux ONG d’avoir mis au point un système de contournement des sanctions américaines, l’homme d’affaires israélien Dan Gertler et Afriland First Bank affûtent leurs armes judiciaires et médiatiques.
Après la publication le 2 juillet par l’ONG Global Witness et la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF) d’un rapport détaillant les montages financiers extrêmement élaborés mis au point par Dan Gertler et ses associés pour contourner les sanctions américaines dont l’homme d’affaires fait l’objet, ce dernier a lancé plusieurs contre-offensives, l’une judiciaire, l’autre médiatique.
Sur le plan judiciaire, son action se joint à celle d’Afriland First Bank RDC, accusée d’avoir manqué à ses devoirs de vigilance contre le blanchiment en ayant laissé transiter par les comptes de ses clients près d’une centaine de millions de dollars liées à l’homme d’affaires controversé et à ses partenaires, alors que ces derniers ne peuvent théoriquement pas utiliser cette devise.
Huit motifs d’accusation
Me Eric Moutet, l’avocat en France de Dan Gertler et d’Afriland First Bank RDC, a déposé au nom de cette dernière une plainte pénale contre les deux ONG au tribunal de Paris, où PPLAAF est installée. « Déposée le 1er juillet Paris, avant toute publication du rapport des deux ONG, elle vise la manière frauduleuse dont les documents utilisés par Global Witness et PPLAAF ont été détournées et falsifiés, sans parler des fortes pressions sur certains témoins », fait valoir l’avocat.
Pas moins de huit chefs d’accusation figurent dans la plainte : vol et abus de confiance, chantage, corruption privée, violation du secret bancaire, faux et usage de faux, dénonciation calomnieuse, recel, et enfin bande organisée. Une enquêtrice de Global Witness est notamment accusée d’avoir proposé de l’argent à des agents de la banque contre des documents et témoignages.
Un journaliste du quotidien israélien Haaretz, avec lequel Global Witness et PLLAAF ont collaboré, est accusé quant à lui d’avoir dicté de faux témoignages à un interlocuteur lié à Dan Gertler.
Une campagne de diffamation « grossière et malveillante »
Sur le plan médiatique, au-delà de la large diffusion de la plainte aux journalistes couvrant la RDC et le secteur minier à Paris, une campagne a également été lancée sur les réseaux sociaux. Une série de courtes vidéos en français a été réalisée, au ton complotiste, décrivant Global Witness et PPLAAF comme des organisations criminelles, agents de l’étranger liés à George Soros et aux Émirats arabes unis, cherchant à travers leurs accusations envers Dan Gertler, à déstabiliser la RDC en empêchant ou en freinant les investissements dans le secteur minier.
Ces vidéos ont été amplement relayée sur Twitter et Facebook par des internautes congolais revendiquant leurs affinités avec les ex-présidents Joseph Kabila, dont Dan Gertler est proche, et son père, feu Laurent-Désiré Kabila.
Du côté des deux ONG, on considère la plainte comme abusive. « La substance de la plainte contre nous ne résiste pas à l’examen des faits », assure Simon Taylor, cofondateur de Global Witness, organisation basée à Londres et spécialisée sur les questions de transparence du secteur extractif. « Les employés et les sources de PPLAAF et de Global Witness sont soumis à une campagne de diffamation grossière et malveillante. Des tactiques sournoises comme celles-ci ne nous dissuaderont pas de faire notre travail d’intérêt public », poursuit-il.
Selon Global Witness, l’enquêtrice mise en cause par Afriland First Bank dans sa plainte ne travaille plus depuis 2010 pour l’ONG, et n’a même jamais enquêté sur des sujets liés à Dan Gertler.
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