Ankara renforce son influence dans les territoires syriens sous son contrôle

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Un homme tend des livres turques à un vendeur pour payer sa marchandise, à Idlib (Syrie), le 20 juin.

Exit la livre syrienne. Dans les régions du nord-ouest de la Syrie, conquises par l’armée turque et ses supplétifs syriens entre août 2016 et octobre 2019, l’utilisation de la livre turque (TL) s’est généralisée depuis le mois de juin. Ce changement a été présenté comme une réaction à l’effondrement de la livre syrienne. Il s’agit plutôt de l’aboutissement d’un lent processus. Pour de nombreux Syriens, opposants ou prorégime, cette évolution est explicite : la Turquie entend consolider sa présence dans les territoires qu’elle contrôle. Et certains s’inquiètent d’une « partition » monétaire progressive de leur pays.

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Depuis la ville de Tall Abyad jusqu’à l’enclave d’Afrin à majorité kurde, en passant par Al-Bab et les villes frontalières de Djarabulus et Azaz, les militaires turcs, les mercenaires syriens et les fonctionnaires locaux reçoivent leur salaire en livre turque. La monnaie turque circule également à Idlib, région sous contrôle de l’opposition, dominée par le groupe djihadiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), et où l’armée turque est présente : c’est dans cette devise qu’était déjà rémunéré, par exemple, le personnel des hôpitaux. Désormais, même des produits de base, comme le pain, se paient en livre turque.

En juin, des petites coupures ont été envoyées chez les changeurs et les bureaux de poste (Posta Telegraf Telefon, PTT). Cela n’aurait pas été possible sans l’aval d’Ankara. Les PTT, ouverts dans le Nord-Ouest syrien – mais pas dans la région d’Idlib – font office de banques. C’est par leur entremise que, notamment, les associations syriennes installées en Turquie, transfèrent l’argent destiné aux employés ou aux projets à Idlib, zone placée sous perfusion de l’aide humanitaire.

« Logique d’intégration économique »

La généralisation de l’emploi de la livre turque a été perçue comme une mesure de stabilisation face au crash de la devise syrienne, bien que la valeur de la LT soit fluctuante. « Cela permet une unité dans les échanges dans le Nord-Ouest. Mais pour faire face à l’inflation des prix, il faudrait un contrôle des commerces, qui n’existe pas », note un natif de la région d’Idlib, actif dans l’aide humanitaire et exilé en Turquie à cause de ses critiques du groupe HTC. L’inflation est aussi difficile à contenir car des produits, comme les denrées agricoles, continuent de venir des zones de la Syrie sous contrôle gouvernemental, où les prix flambent.

Pour asseoir son influence sur le Nord-Ouest, la Turquie a mis l’accent sur la reconstruction. Des routes, écoles, ou réseaux de distribution d’eau et d’électricité ont été partiellement restaurés. Les postes-frontières voient passer toutes sortes de marchandises, des biens de consommation aux matériaux de construction. « On est en présence d’une logique d’intégration économique qui vise à faire de ces territoires, administrés par la Turquie et ses alliés syriens, un marché destiné à l’exportation de produits turcs. Le but est de bâtir un cadre favorable aux échanges commerciaux. La circulation de la livre turque est ainsi facilitée », explique Yohanan Benhaim, chercheur, cofondateur de Noria Research et associé à l’Istanbul Policy Center.

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