Comment l’Estonie résiste à l’influence médiatique du Kremlin

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Par Benoît Vitkine

Ingérences russes (3/5). La Russie de Vladimir Poutine s’attache depuis plusieurs années à étendre par tous les moyens ses réseaux et son influence à l’étranger. Chez son voisin balte, plusieurs médias prennent ainsi directement leurs ordres à Moscou.

Il existe, dans la très libérale et transparente Estonie, une « Loi sur l’information du public » qui permet aux journalistes de demander, à l’issue d’un procès conclu par un jugement de culpabilité, à consulter les documents de l’investigation policière. C’est à cette disposition, et à la curiosité d’un jeune journaliste du quotidien estonien Postimees, que l’on doit de connaître les dessous d’une affaire de fraude fiscale en apparence banale mais qui lève un coin de voile sur les méthodes employées par le Kremlin dans la guerre de l’information qu’il mène tous azimuts.

A l’origine de l’affaire, il y a les malversations d’une ONG locale, Altmedia, et de son directeur, Alexandre Kornilov. Celui-ci aurait illégalement détourné une partie des fonds de l’ONG et produit des faux documents pour se couvrir. Or, M. Kornilov est une personnalité connue en Estonie. Membre de la minorité russophone du pays – un quart de la population, héritage de l’occupation soviétique –, il appartient au Conseil de coordination des compatriotes d’Estonie, l’un des relais d’influence de Moscou à l’étranger. Il intervient aussi régulièrement dans les médias pour dénoncer le traitement de la minorité russe, dont une petite partie est encore légalement apatride.

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« La question de la minorité russe est un vrai sujet, estime Holger Roonemaa, le journaliste de Postimees qui s’est intéressé au dossier après la condamnation d’Altmedia à quelques milliers d’euros d’amende, en juin 2018. Mais le problème, c’est l’alignement systématique de Kornilov sur les positions du Kremlin. En clair, l’homme était dans nos radars, et je pressentais quelque chose de plus. »

Comprendre : quelque chose de plus sérieux qu’une simple fraude fiscale, vu les affaires habituellement traitées par Roonemaa, spécialiste des investigations financières, du blanchiment d’argent russe, mais aussi des affaires d’espionnage. De fait, les résultats de son enquête, menée en coopération avec le site panbaltique Re:Baltica et le site Buzzfeed, révèlent les pratiques de Moscou dans le domaine des médias, bien avant que celles-ci ne soient au cœur des enquêtes sur l’ingérence de Moscou dans la campagne présidentielle américaine.

Travail de sape

Tout commence en octobre 2014, lorsque Alexandre Kornilov annonce le lancement simultané de trois sites Web à destination des russophones d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie. Ces sites, Baltnews, auront une vocation de « divertissement », annonce leur créateur dans une interview, et surtout ils seront « indépendants ».

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