Pendant le coronavirus, les conducteurs bus londoniens ont travaillé la peur au ventre

0
98

[ad_1]

Par

Publié aujourd’hui à 14h15

Le conducteur de la ligne 148, à la station Camberwell Green, à Londres, le 11 avril.

L’arrêt de bus est à peine visible, dans un virage face à un gros cube blanc, une improbable salle de bridge du centre de Wimbledon, banlieue aisée du sud de Londres. « C’est là qu’il m’a craché dessus il y a quinze jours », nous signale Spencer, le chauffeur, mains gantées sur le volant. Il nous a embarqués pour sa dernière tournée de la journée, celle de 13 h 30-15 h 30, dans le bus 200. On a un peu de mal à l’entendre à cause du bruit du moteur et de la distanciation physique à respecter (2 mètres). Il manœuvre déjà son engin, un coup d’œil à droite, un à gauche, attention aux cyclistes qui grillent le rouge, aux voitures qui déboulent bien au-delà des 20 miles/heure (32 km/h) autorisés.

En cet après-midi pluvieux de début juin, Spencer Suckling, 57 ans dont seize de conduite, est au volant d’un simple « deux-portes ». Rouge, comme tous les bus londoniens, mais pas un « double-decker », l’iconi­que bus à impériale de la capitale britannique. « Cela dépend des jours », explique-t-il, laconique. Son véhicule est moins lourd, mais tout aussi délicat à piloter, surtout dans les virages. La porte avant a été condamnée ainsi que les deux rangées de sièges derrière lui. Les passagers montent par la porte du milieu et, depuis fin mai, ne peuvent pas être plus de douze à l’intérieur.

Casque de cheveux gris, lunettes sur le nez, Spencer a la conduite calme et débonnaire. Il salue la mère de famille, l’ouvrier de ­chantier, les collègues croisés en sens inverse, grille une moitié de cigarillo sur le trottoir pendant sa mini-pause. Il a été agressé mi-mai par un motocycliste, qui lui a craché dessus depuis sa fenêtre de droite. La mobylette allait trop vite, elle a coupé la route au bus, le ton est monté. « C’était dégoûtant, et j’étais inquiet à cause du Covid-19. Ma compagnie m’a renvoyé à la maison, où j’ai passé sept jours en isolement. Je n’ai pas été testé, parce que je n’avais pas de symptômes. Heureusement, je ne suis pas tombé malade. »

Une douzaine de sous-traitants

Spencer Suckling a eu plus de chance que Belly Mujinga, cette employée de Transport for London (TfL), la société d’exploitation des transports londoniens : un homme avait aussi craché sur elle à la gare Victoria fin mars, elle est décédée du Covid-19 en avril. Sa mort est-elle due à l’agression ? La police des transports a classé l’affaire fin mai.

Spencer a aussi eu plus de chance que les 33 employés des bus londoniens (dont 29 chauffeurs) ayant succombé au coronavirus. Ranjith Chandrapala, 64 ans, conduisait le bus 92 dans l’Ouest londonien, Nadir Nur, 48 ans, pilotait le 394, entre Islington et Hackney, mais aussi Lory Locsin, Paul Aheto, Solomon Hagos, Kenneth Yeboah… La ­plupart étaient d’origine BAME (pour « Black, Asian and other minority ethnics »), comme le précisent les statistiques britanniques, et sont morts entre fin mars et début avril.

Il vous reste 85.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: