les dirigeants des pays membres de l’UE prêts à négocier d’arrache-pied le plan de relance

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Les apparences sont sauves. Les chefs d’Etat et de gouvernement européens, qui se sont réunis (en visioconférence) vendredi 19 juin afin de discuter du plan de relance imaginé par la Commission européenne pour faire face aux ravages du Covid-19, ne se sont pas écharpés. Le conseil virtuel, qui a duré quatre heures, n’a pas dérapé et tout le monde a pu se féliciter, à la sortie, d’une discussion « constructive ».

La proposition de la Commission européenne – emprunter 750 milliards d’euros et les redistribuer pour l’essentiel sous forme de dons aux pays les plus affectés par la crise – est pourtant loin de faire l’unanimité. Si les pays du Sud, Italie en tête, y sont très favorables, d’autres, comme les « quatre frugaux » (Pays-Bas, Suède, Danemark et Autriche), ne cachent pas leur opposition de principe à un projet qui prévoit l’émission d’une dette commune, des transferts massifs entre Etats membres et une autonomie budgétaire accrue de l’Union européenne (UE).

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Mais le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, et son homologue italien, Giuseppe Conte, sont restés courtois l’un envers l’autre. On a même assisté à un pas de deux savamment orchestré entre les deux hommes, le libéral néerlandais félicitant le social-démocrate italien pour son plan de réformes… « C’était quand même drôle d’entendre Rutte parler de solidarité et Conte de réformes », raconte un témoin.

Il n’était pas question de reproduire le psychodrame du sommet du 26 mars, quand la discussion entre Rome et La Haye, et plus globalement entre le sud et le nord de l’Union, a réveillé les douloureux souvenirs de la crise de la zone euro il y a dix ans et d’une Europe divisée. Christine Lagarde, d’ailleurs, qui assistait à la réunion, a exhorté les Vingt-Sept à s’entendre. C’est parce qu’ils anticipent un accord que les marchés financiers sont relativement calmes, a expliqué la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), et l’exposition au grand jour des divisions européennes pourrait les faire chuter.

Une opinion publique prompte à critiquer l’Europe

De même qu’elle pourrait, comme l’a dit le président français, Emmanuel Macron, décevoir une opinion publique prompte à critiquer l’Europe. A partir du moment où Angela Merkel elle-même – jusqu’ici radicalement opposée à toute mutualisation de la dette – a su changer d’avis, et où Paris et Berlin ont réussi à s’entendre sur un plan dont s’est largement inspirée la Commission européenne, un échec des Européens à se mettre d’accord serait « un très mauvais signal », commente l’Elysée.

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