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Fin mai, ils étaient 101. Mi-juin, ils sont passés à 489. La publication par les autorités du nombre de médecins et autres soignants morts à cause du coronavirus a relancé les doutes sur la crédibilité des chiffres officiels de mortalité pendant la pandémie en Russie. Cette forte augmentation en deux semaines contraste avec le bilan progressivement établi, dès avril, par un collectif de docteurs. Jour après jour, cette « liste du souvenir » répertorie la croissance des décès parmi les personnels médicaux. Au dernier décompte, sur son site Web, elle énumère 459 noms. Soit trente de moins que le bilan officiel annoncé le 18 juin par Alla Samoïlova, la chef de Roszdravnadzor, l’agence fédérale de surveillance médicale.
« On a du mal à comprendre comment ils calculent leur chiffre », confie Alexeï Erlikh, l’un des médecins derrière la liste alternative. Perplexe, ce cardiologue en chef d’un hôpital moscovite s’interroge sur le bond énorme du nouveau bilan officiel. « Sans doute se sont-ils rendu compte que le chiffre précédent de 101 morts paraissait peu réaliste face à nos données plus élevées. Les autorités veulent désormais paraître sérieuses et crédibles. »
« Le pays n’était pas prêt »
La confusion est d’autant plus grande que, dans un communiqué, Roszdravnadzor est revenue sur la déclaration de sa chef pour en minimiser la portée : il ne s’agissait pas d’un « chiffre officiel », mais d’une simple estimation établie à partir de « données circulant sur Internet ». C’est-à-dire, sans doute, sur la « liste du souvenir ». Aucun autre bilan n’a depuis été révélé par le gouvernement.
Il n’y a pas eu non plus de commentaires officiels sur les autres propos, très francs, d’Alla Samoïlova. « Aurions-nous pu faire quelque chose pour empêcher la mort des soignants ? Probablement, oui. Le pays n’était pas prêt. Il y avait très peu d’équipements de protection individuelle », avait-elle déploré, avant d’ajouter que le problème de pénurie a depuis été résolu. En rappelant que des hôpitaux étaient « vétustes », manquaient de médicaments et d’équipements, la chef de Roszdravnadzor a confirmé ce qui a échappé à la couverture officielle de la pandémie par les médias publics mais que bien des médecins et infirmières ont raconté en détail aux médias indépendants.
« Le bilan très élevé de morts dans le corps médical s’explique par les conditions dans lesquelles les hôpitaux, surtout en régions, ont dû traiter le Covid : peu de masques, rythme trop intensif de travail, organisation à la hâte sans zones rouges pour isoler les patients infectés », dénonce Alexeï Erlikh. Du coup, des hôpitaux sont devenus des foyers de la pandémie et les médecins des vecteurs du virus. Avec près de 500 décès, le corps médical compte pour quelque 6,5 % du bilan total de morts liés au coronavirus en Russie.
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