[Société] Le prix de certaines marques de tabac augmente le 1er juillet… mais pas à La Réunion

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Selon un arrêté paru au Journal officiel, le prix de différents paquets de Camel, Fortuna ou News va augmenter de 10 ou 20 centimes le 1er juillet prochain. En revanche, certaines Winston vont légèrement baisser. Le prix du paquet le plus vendu reste quant à lui inchangé. Cependant, cette mesure ne s’appliquera pas à La Réunion, ce qui pose question sur le sujet de la santé publique.

L’arrêté publié au Journal officiel le 12 juin dernier précise bien que les départements d’outre-mer ne sont pas concernés par cette mesure. Cette variation de prix est moins marquée que celle de mars dernier, durant laquelle le prix de Malboro Red, – référence la plus vendue en France – avait atteint la barre symbolique des 10 euros. Cependant, il s’agit d’une hausse tout de même, une politique générale qui entre dans le cadre d’un programme de lutte contre le tabagisme initié en 2017, le ministère des Solidarités et de la Santé avait souhaité porter progressivement le prix moyen d’un paquet de cigarettes à 10 € d’ici la fin d’année 2020 afin de réduire la consommation de tabac. L’objectif affiché de l’exécutif: réduire la consommation de tabac qui cause des cancers et maladies cardiovasculaires, entraînant la mort de 75.000 personnes chaque années en France.

 

Deux poids, deux mesures

 

Une politique de santé publique qui n’est, pourtant, pas appliquée à La Réunion alors que la situation est aussi préoccupante que sur le reste du territoire national. Dans un rapport publié en février 2019, Santé publique France indiquait « La Réunion n’est pas épargnée par le tabagisme et ses conséquences sur la santé de la population. Un quart des Réunionnais de 18 à 75 ans fument du tabac quotidiennement, dont plus de la moitié sont des «gros fumeurs» (au moins 10 cigarettes/jour). Par ailleurs, l’organisme précise que le tabac est « le produit psychoactif qui cause le plus de décès. Ainsi les décès directement liés au tabagisme représentent 13% de l’ensemble des décès. Par ailleurs, le tabagisme représente la première cause de décès par cancer, et près d’un tiers des décès liés au tabagisme surviennent prématurément (avant l’âge de 65 ans).»

 

 

Une situation préoccupante

 

Ce rapport de Santé publique est basé sur des données de 2014, cependant, en 2020, la situation reste alarmante dans notre département. David Mété, médecin addictologue au CHU est persuadé que la hausse des prix est l’une des solutions qui pousse les fumeurs à réduire leur consommation ou à se sevrer « cela a été démontré par plusieurs études, quand on augmente le prix du tabac, cela entraîne presque mécaniquement une diminution du nombre de fumeurs. Et cela bien en dehors de toute considération économique. »

 

Alors pourquoi ne pas appliquer à La Réunion les mêmes mesures qu’en métropole ? Surtout que la hausse du mois de juillet aurait peut-être permis à de nombreux fumeurs de réduire leur consommation. « Durant le confinement, au niveau national, les fumeurs ont augmenté leur consommation de tabac de 30%. C’est aussi un phénomène qui se vérifie auprès des usagers, certains de mes patients sevrés se sont remis à fumer par ennui ou pour supporter la solitude » explique le docteur Mété.

 

 

Pour lui, l’une des premières pistes, c’est l’argent. « La fiscalité sur le tabac ainsi que la règlementation ne sont pas les mêmes en métropole et dans les territoires ultramarins » explique-t-il avant de poursuivre « à La Réunion, les recettes de la fiscalité sont perçues par le Conseil départemental tandis qu’en métropole, elles vont directement dans les caisses de l’État ». Toutefois, le tabac reste plus cher dans les territoires ultramarins, dans un rapport publié en juillet 2019, l’Autorité de la concurrence indique qu’en 2015 sur le poste de dépenses englobant les boissons alcoolisées et le tabac, l’écart de prix entre La Réunion et la métropole s’élevait à +26,5%. Ce qui pourrait expliquer que les hausses de prix appliquées dans l’hexagone ne le soient pas automatiquement dans notre île.

 

Plus d’un millier de points de vente de tabac à La Réunion

 

 

Néanmoins, pour le docteur Mété, le vrai problème se trouve ailleurs « quand je dis que la règlementation n’est pas la même à La Réunion et en métropole, je pointe surtout du doigt le fait qu’ici, on peut vendre du tabac dans de nombreux points de vente. Boulangeries, librairies, petites boutiques… c’est inconcevable ailleurs, en métropole, le tabac se vend dans des bureaux de tabac. Point. Cela ne va pas dans le sens de la santé publique. Sans parler du manque de contrôle, certains commerces vendent des cigarettes à l’unité, ce qui est illégal. »

 

 

Un amendement de 2011 toujours pas appliqué

 

Pour rappel, en 2011, un amendement de sénatrice réunionnaise Anne-Marie Payet est passé dans la loi de finances de la même année, il visait à limiter le nombre de points de vente dans les départements ultramarins avec une licence. Cette licence devait être délivrée par les Conseils départementaux, mais ces derniers rechignent à appliquer cette mesure. Ce qui les freine: la fiscalité sur le tabac pèse lourd dans leur budget global, à la Réunion, elle représenterait 8% du budget du Conseil départemental. Cette baisse drastique du nombre de points de vente entraînerait un manque à gagner important dans les caisses des Départements. Ils ont donc traîné les pieds, résultat, presque dix ans après, la mesure n’est toujours pas en vigueur.

 

 

Et cela hérisse le docteur Mété « à La Réunion, on compte un point de vente pour 320 habitants contre 1 pour 3 500 en métropole. Alors que cette mesure est recommandée au niveau national et permettrait d’enrayer le phénomène, elle n’est pas appliquée tout cela pour des raisons politique et économique. Le Conseil départemental ne veut pas froisser les petits commerçants et surtout, il ne veut pas faire une croix sur cette manne financière. Alors je me pose la question: quid de la question de la santé publique ? »

 

 

Pour le moment, l’entrée en application de l’amendement d’Anne-Marie Payet n’est toujours pas d’actualité.

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