« L’ONU doit intensifier ses efforts pour mettre fin au racisme systémique contre les personnes d’ascendance africaine »

0
119

[ad_1]

Manifestation, le 16 juin 2020, après la mort de George Floyd, à New York. La ville abrite le siège de l’Organisation des Nations unies.

Tribune. Après les dernières semaines de protestations suite au meurtre, le 25 mai, de George Floyd alors qu’il était entre les mains de la police de Minneapolis, aux Etats-Unis, nous avons tous été indignés, en tant que hauts dirigeants d’origine africaine à l’Organisation des Nations unies (ONU), par l’injustice du racisme qui est toujours omniprésent dans le pays hôte de l’ONU et à travers le monde. On ne dira jamais assez les traumatismes profonds et les souffrances intergénérationnelles qui ont résulté de l’injustice raciale perpétrée au cours des siècles, en particulier contre les personnes d’ascendance africaine. Mais la simple condamnation des expressions et des actes de racisme ne suffit pas. Nous devons aller au-delà et faire plus.

Lire aussi Les Etats-Unis enterrent George Floyd, sans un mot de Trump

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré que « nous devons élever la voix contre toutes les expressions de racisme et les cas de comportement raciste ». Après le meurtre de M. Floyd, le cri « Black Lives Matter » (« les vies des Noirs comptent ») qui retentit aux Etats-Unis et dans le monde est plus qu’un slogan. La vie des Noirs, en plus de compter, est essentielle à la réalisation de notre dignité humaine commune. L’heure est venue de passer de la parole aux actes. Nous devons à George Floyd ainsi qu’à toutes les victimes de discrimination raciale et de brutalités policières, de démanteler les institutions racistes. En tant que dirigeants dans un système multilatéral, nous pensons qu’il nous incombe de parler au nom de ceux dont la voix a été réduite au silence et de plaider pour des réponses effectives de nature à lutter contre le racisme systémique, un fléau mondial qui s’est perpétué au fil des siècles.

Ensemble inextricable de problèmes

Le meurtre choquant de George Floyd est enraciné dans un ensemble plus large et inextricable de problèmes qui ne disparaîtront pas si nous les ignorons. Il est temps que les Nations unies intensifient leurs efforts et agissent de manière décisive pour qu’il soit mis fin au racisme systémique contre les personnes d’ascendance africaine et autres groupes minoritaires « en développant et en encourageant le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion », comme stipulé à l’article 1 de la Charte des Nations unies. En effet, le fondement de l’ONU est la conviction que tous les êtres humains sont égaux et ont le droit de vivre sans crainte de persécution.

C’est au plus fort du mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis et durant la période de l’émergence de nations africaines indépendantes post-coloniales qui ont rejoint les Nations unies que la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CIEDR) est entrée en vigueur en 1969. Ce fut une période charnière dans l’histoire. L’effondrement de l’apartheid en Afrique du Sud, imputable en partie aux Nations unies, est l’un des accomplissements dont l’Organisation est le plus fière. Les droits de l’homme et la dignité des Noirs en Afrique ainsi qu’à travers la diaspora africaine ont résonné comme un signal puissant pour les générations futures que les Nations unies ne fermeraient pas les yeux sur la discrimination raciale et ne toléreraient pas l’injustice et le sectarisme servis par des lois injustes.

Lire aussi Mahamadou Lamine Sagna : « On peut retrouver le cas George Floyd partout, même en Afrique »

Prenant appui sur cette nouvelle ère, l’ONU doit user de son influence pour nous rappeler une fois de plus la mission inachevée d’éradiquer le racisme, et exhorter la communauté des nations à éliminer les taches du racisme sur l’humanité. Nous saluons les initiatives prises par le secrétaire général pour renforcer le discours mondial qui s’attaque au racisme systémique à tous les niveaux ainsi que ses conséquences partout où il existe, y compris au sein même de l’ONU.

Si nous voulons être de bons dirigeants, nous devons le faire par l’exemple. L’initiation et la promotion d’un changement réel exigeront une évaluation honnête de la façon dont nous appliquons la Charte des Nations unies au sein de notre institution. Notre expression de solidarité reflète bien nos responsabilités et obligations en tant que fonctionnaires internationaux de nous élever contre l’oppression et la dénoncer. En tant que dirigeants, nous partageons les convictions fondamentales et les valeurs et principes inscrits dans la Charte qui ne nous permettent pas de garder le silence. Nous nous engageons à mettre à profit notre expertise, notre leadership et nos mandats respectifs pour lutter contre les causes profondes et promouvoir les changements structurels qui doivent être mis en œuvre si nous voulons mettre fin au racisme.

« Tous libres »

Près de cinq cents ans après le début de la révoltante traite transatlantique des Africains, nous avons atteint un point critique de l’arc de l’univers moral, à l’heure où nous approchons la fin de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine en 2024, dans quatre ans seulement. Utilisons notre voix collective pour répondre aux aspirations de nos communautés afin que l’ONU exerce son pouvoir moral en tant qu’institution pour opérer un changement mondial. Prêtons notre voix pour la réalisation de la vision transformatrice propre à l’Afrique telle que contenue dans son Agenda 2063, vision qui est conforme à l’Agenda 2030 mondial.

L’Afrique est le berceau de l’humanité et le précurseur des civilisations humaines. En tant que continent, elle doit jouer un rôle prépondérant pour que le monde puisse parachever le développement durable et la paix. Tel était le rêve des fondateurs des Nations unies, c’était aussi la ferme conviction d’éminents dirigeants ou intellectuels africains tels que le Ghanéen Kwame Nkrumah et le Sénégalais Cheikh Anta Diop.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi La mort de George Floyd a donné un nouvel élan à la lutte contre les violences policières en France

N’oublions jamais les paroles du président sud-africain Nelson Mandela : « Nier aux gens leurs droits humains, c’est remettre en cause leur humanité même. » Gardons toujours à l’esprit l’exhortation de l’Américaine Fannie Lou Hamer, leader des droits civiques : « Personne n’est libre tant que nous ne sommes pas tous libres », qui a été reprise par le docteur Martin Luther King Jr. : « Une injustice, où qu’elle se produise, est une menace pour la justice partout ailleurs. » Des années plus tard, leurs paroles se sont retrouvées dans la diversité de la nation arc-en-ciel, l’Afrique du Sud, et énoncées par l’homme de paix, l’archevêque Desmond Tutu, dans sa déclaration : « La libération des Noirs est une condition indispensable à la libération des Blancs : “Personne ne sera libre tant que nous ne serons pas tous libres. »

Tous les signataires énumérés ci-dessous sont de hauts fonctionnaires des Nations unies qui occupent le rang de secrétaire général adjoint. Ils ont signé cette opinion à titre personnel : Tedros ADHANOM GHEBREYESUS (Ethiopie), directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ; Mahamat Saleh ANNADIF (Tchad), représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) ; Zainab BANGURA (Sierra Leone), directrice générale de l’Office des Nations unies à Nairobi ; Winnie BYANYIMA (Ouganda), directrice exécutive du Programme commun des Nations unies sur le VISH/sida (Onusida) ; Mohamed Ibn CHAMBAS (Ghana), représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel ; Adama DIENG (Sénégal), Conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide ; Bience GAWANAS (Namibie), Conseillère spéciale du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique ; François Lounceny FALL (Guinée), représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef du Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale ; Gilbert HOUNGBO (Togo), président du Fonds international de développement agricole (FIDA) ; Bishar A. HUSSEIN (Kenya), directeur général de l’Union postale universelle (UPU) ; Natalia KANEM (Panama), directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) ; Mukhisa KITUYI (Kenya), secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) ; Jeremiah Nyamane MAMABOLO (Afrique du Sud), représentant spécial conjoint et Chef de l’Opération hybride de l’Union africaine et des Nations unies au Darfour ; Phumzile MLAMBO-NGCUKA (Afrique du Sud), directrice exécutive de l’Entité des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes) ; Mankeur NDIAYE (Sénégal), représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) ; Parfait ONANGA-ANYANGA (Gabon), envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Corne de l’Afrique ; Moussa D. OUMAROU (Niger), directeur général adjoint pour les opérations de terrain et les partenariats de l’Organisation internationale du travail (OIT) ; Pramila PATTEN (Maurice), représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU chargée de la question des violences sexuelles en période de conflit ; Vera SONGWE (Cameroun), secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique ; Hanna TETTEH (Ghana), représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU et cheffe du Bureau des Nations unies auprès de l’Union africaine ; Ibrahim THIAW (Mauritanie), secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification ; Leila ZERROUGUI (Algérie), représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU et cheffe de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco).

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: