L’assassinat d’un guide spirituel maya oblige le Guatemala à débattre de son racisme

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A Guatemala, le 10 juin, des indigènes mayas participent à une cérémonie à la mémoire de Domingo Choc, médecin traditionnel assassiné.

Les images, vues des dizaines de milliers de fois au Guatemala, sont insoutenables. Une torche humaine court, hagarde, entouré par une multitude tantôt applaudissant, tantôt poussant des cris d’effroi. La fin du pauvre homme n’est pas filmée, on la devine atroce.

Domingo Choc Che, 55 ans, guide spirituel et herboriste maya, est mort calciné samedi 6 juin. Quelques heures plus tôt, il avait été torturé par une famille l’accusant d’avoir tué leur père par des pratiques de « sorcellerie ». Ses dénégations et ses supplications n’y ont rien fait. Un des fils du père décédé l’a arrosé d’essence et a jeté une allumette. « Bien sûr que je l’ai fait, parce qu’il a tué mon père. Il fallait que je le fasse, grâce à Dieu », a calmement expliqué à la presse le jeune homme à la porte du commissariat, un sourire un peu embarrassé aux lèvres. Trois autres personnes ont été arrêtées.

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L’assassinat a déclenché une vague de réactions à la hauteur de l’émotion suscitée par l’épouvantable meurtre. Le président de la République, Alejandro Giammattei, a immédiatement « condamné » le « terrible » et « lâche » assassinat et a promis que tout serait fait pour traduire les responsables en justice.

Sur les réseaux sociaux, le mot-clé #JusticiaParaTataDomingo (« justice pour Grand-Père Domingo », les sages mayas étant appelés grand-père) est devenu viral, et le débat s’est ouvert sur les facteurs qui ont conduit à sa mort : racisme et intolérance religieuse. Deux maux qui gangrènent le pays depuis des siècles, mais que le Guatemala n’avait jamais, jusqu’alors, réellement regardés en face.

« Folklore ou satanisme »

Domingo Choc Che était un Alijonel (littéralement, « qui soigne avec les plantes », ou maître herboriste) et un Ajq’ij (guide spirituel maya). Il était membre du Conseil des guides spirituels mayas Releb’aal Saq’e’et faisait, à ce titre, partie d’une équipe transdisciplinaire de scientifiques guatémaltèques et européens travaillant sur des projets de recherche avec l’Université de Zurich, le University College de Londres (UCL) et l’Universidad del Valle de Guatemala (UVG).

Le but de l’équipe est notamment de documenter la pratique médicale ancestrale et les plantes médicinales et d’identifier les habitats des forêts de Petén, au nord du pays, qui reculent de plus en plus face à la déforestation (35 % de la forêt y a disparu entre 1990 et 2016) pour la monoculture pour l’huile de palme et l’élevage. Domingo Choc, grand connaisseur de l’herboristerie médicale maya, avait l’obsession de préserver ces habitats face aux grandes corporations et aux agriculteurs qui exproprient les paysans indigènes.

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