Les opérations de sauvetage reprennent après un « printemps noir » en Méditerranée

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Le « Sea Watch 3 » est le premier bateau à avoir repris la mer. Il a quitté le 8 juin le port sicilien de Messine, après trois mois d’immobilisation.

Après une longue absence, deux navires humanitaires viennent de reprendre leurs opérations de sauvetage de migrants en mer Méditerranée. Les missions de secours des organisations non gouvernementales (ONG) avaient cessé peu à peu depuis mars en raison des mesures de restrictions prises par les gouvernements pour freiner la propagation de l’épidémie de Covid-19, faisant craindre une tragédie à l’abri des regards, dans l’ombre du nouveau coronavirus.

Le premier bateau à avoir repris la mer est le Sea Watch 3, de l’ONG allemande Sea Watch. Il a quitté le 8 juin le port sicilien de Messine, après trois mois d’immobilisation, pour aller patrouiller dans la zone de sauvetage au large des côtes libyennes. Le second est italien : le Mare Jonio a pris la route de la Méditerranée centrale « pour débuter une nouvelle mission », a annoncé, le 10 juin, l’ONG Mediterranea Saving Humans.

Les sauvetages en Méditerranée souffrent depuis longtemps du bras de fer autour de la politique migratoire au sein de l’Union européenne (UE), mais le confinement de l’Europe, la fermeture des frontières, et surtout la décision prise par l’Italie et Malte de fermer leurs ports début avril, ont rendu plus compliquée encore l’assistance aux personnes en détresse. « L’ensemble des activités maritimes ont été bouleversées pendant la crise. La maintenance, l’approvisionnement, la relève d’équipage, ont été impactés, et la fermeture des ports faisait courir le risque de rester bloqué en mer pendant des semaines », explique Sophie Beau, directrice générale de SOS Méditerranée, dont le bateau, l’Ocean Viking, immobilisé dans le port de Marseille depuis le 20 mars, se prépare à repartir.

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La crise sanitaire, un « prétexte »

Dans ce contexte, deux bateaux avaient continué malgré tout leurs opérations en mer, l’Alan Kurdi, de l’ONG allemande Sea-Eye, et l’Aita Mari, affrété par l’ONG basque SMH. Mais ils ont été immobilisés début mai par les garde-côtes italiens pour des raisons « techniques ». Les ONG avaient alors dénoncé une manœuvre injustifiée destinée à « perturber leurs missions de sauvetage ». De même, la fermeture des ports aux rescapés n’était « pas raisonnable », estime Michaël Neuman, directeur d’études à la fondation Médecins sans frontières (MSF). « Il aurait été possible d’accepter les débarquements en mettant en place des tests, des quarantaines », critique-t-il, considérant que la crise sanitaire aura finalement été « un prétexte pour fermer davantage les frontières ».

Dans le même temps, les mouvements migratoires, eux, n’ont pas faibli. Bien au contraire. « Les départs de Tunisie entre janvier et mai ont triplé par rapport à la même période l’an dernier ; les départs depuis les côtes libyennes ont également augmenté », rapporte Céline Schmitt, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) en France.

Que sont devenus ces migrants ? Selon le HCR, 186 personnes ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée depuis janvier. Mais ce chiffre ne comprend pas les naufrages « invisibles ». « Comme il n’y avait pas de navires de sauvetage, il n’y avait plus de témoin. On ne peut pas savoir le nombre réel de bateaux disparus », déplore Sophie Beau. Jeudi 11 juin, cinquante-deux corps ont été retrouvés au large de la Tunisie, pour la plupart des migrants originaires d’Afrique subsaharienne, après le naufrage de leur embarcation clandestine en route pour l’Italie. Ce printemps 2020 a bien pu être un printemps noir pour les migrants.

Refoulements en Libye

Les ONG évoquent quelques arrivées d’embarcations sur les côtes d’Europe du Sud. Mais elles rapportent surtout un nombre important de refoulements en Libye, pays où une nouvelle guerre civile est venue s’ajouter à une situation déjà chaotique. « Il y a eu des sauvetages en mer durant le printemps, mais des sauvetages extrêmement répressifs, par les garde-côtes libyens ou des bateaux commerciaux, qui ont rapatrié les migrants en Libye, où ils sont souvent arrêtés, détenus et maltraités », déplore Michaël Neuman, de MSF.

Ce dernier dénonce notamment la pratique des autorités maltaises, qui a consisté à « déléguer à des bateaux commerciaux l’interception, le sauvetage et le refoulement en Libye de migrants », alors que les Etats ont l’obligation, consacrée par le droit maritime international, de débarquer les rescapés « en lieu sûr ». Bombardements, trafics, esclavage, torture, violences sexuelles… tous les migrants qui y sont passés racontent l’« enfer libyen ». « La Libye n’est pas un port sûr », ne cesse d’alerter l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Libye.

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De son côté, Malte – qui a finalement autorisé, le 6 juin, le débarquement de 425 migrants bloqués en mer, pour certains depuis plusieurs semaines, à bord de bateaux de tourisme –, fustige l’absence de solidarité européenne pour prendre en charge ces migrants. Il est vrai que la pandémie a fait voler en éclat le mécanisme (déjà timide) de répartition entre pays européens des migrants après leur débarquement, entériné à La Valette en septembre 2019.

En mai, le HCR a appelé les Etats européens à « davantage de coordination, de solidarité et de partage des responsabilités face à l’augmentation des mouvements de réfugiés et de migrants en Méditerranée », rappelant que sauver des vies était « un impératif humanitaire », une « obligation en droit international », et que des solutions existaient pour à la fois protéger la santé publique dans son pays et accueillir les réfugiés.

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