« Les idées simplistes faisant d’un déficit public sans limite la panacée sévissent toujours en Europe »

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Tribune. L’Union européenne envisage, sur la base d’une proposition du couple franco-allemand, d’amplifier l’endettement de l’Europe en émettant elle-même 750 milliards d’euros d’emprunt. Ainsi, quarante-cinq ans après l’échec des relances de 1975, les idées simplistes faisant d’un déficit public sans limite la panacée sévissent toujours.

Dès 1977, pourtant, le rapport de l’économiste américain Paul McCracken (1915-2013) mettait en garde contre les « effets déstabilisants » du volontarisme budgétaire (Pour le plein-emploi et la stabilité des prix, Rapport à l’Organisation pour la coopération et le développement économiques par un groupe d’experts indépendants, OCDE, 1977).

Ces idées suscitent néanmoins de plus en plus de réserves. Au niveau européen, quatre pays dits « frugaux » contestent l’opportunité de cet emprunt de 750 milliards. Rappelant que les traités européens fixent un plafond de 0,5 % du produit intérieur brut (PIB) pour le déficit public « structurel » (c’est-à-dire hors évolutions cycliques), ils insistent sur le fait que, dans les années récentes, ils se sont imposé les efforts nécessaires au respect de ces traités.

Mutualisation et guerre de Sécession

En 2019, le budget des Pays-Bas était en excédent structurel de 1 %, de 0,6 % pour la Suède, de 0,4 % pour l’Autriche, tandis que le Danemark contenait son déficit à 0,5 %. En revanche, le déficit structurel de la France était de 3 %, celui de l’Espagne de 1,9 % et celui de l’Italie de 1,5 %. La réticence des « frugaux » exprime donc leur refus de payer pour l’inconséquence des pays qui ont laissé filer leur déficit budgétaire de façon injustifiée dans la période qui a précédé la crise sanitaire.

Pour lever ces objections, deux arguments sont mis en avant, arguments en réalité contestables voire fallacieux.

Le premier est que faire porter par l’Union européenne une partie de la dette créée au nom de la relance constituerait une avancée vers plus d’intégration. Il s’agirait de s’inspirer de la mise en place à la fin du XVIIIe siècle par le secrétaire au Trésor américain Alexander Hamilton d’une dette fédérale se substituant à la dette de chacune des treize colonies devenues indépendantes.

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En créant cette dette fédérale et en instituant une recette fiscale sous forme de droits de douane, Hamilton aurait contribué à la consolidation des Etats-Unis. Au risque de doucher les enthousiasmes « hamiltoniens », soulignons que ce dernier ne proposait pas de créer une nouvelle dette, mais d’en apurer une, ancienne ; et que son opération traduisait pour les Etats du Sud la volonté de ceux du Nord de les appauvrir au travers d’une politique protectionniste, si bien que cette mutualisation de la dette devint un des éléments du différend global entre le Nord et le Sud qui a conduit… à la guerre de Sécession.

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