« Avec le temps, je me suis mise à manger de manière bien plus simple, plus frugale »

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« La cuisine a toujours eu une place dans ma vie, mais pas forcément la bonne. Je suis née à Séoul et, durant mon enfance, ma mère, qui était très occupée, cuisinait peu. Elle se méfiait énormément des aliments industriels, des additifs, des substances chimiques et les avait complètement éliminés de son quotidien. Du coup, ses plats étaient insipides, pas bons pour nos palais enfantins. Je pense en particulier au glutamate, substance abondamment utilisée dans la cuisine asiatique pour renforcer le goût des mets et qui, il y a trente ans, ne faisait pas du tout polémique. Quand nous allions manger chez des amis ou au restaurant, c’était la fête, on se régalait, alors qu’à la maison, c’était ultra-diététique, pas généreux, sans sel, sans goût, presque monacal. Il y avait notamment cette soupe aux algues qu’elle m’avait servie un jour au déjeuner, quand j’avais 15 ou 16 ans. D’habitude, elle mettait un peu de viande ou quelques coquillages, voire une pointe d’épices. Mais là, elle l’avait préparée comme elle aimait la manger, elle, c’est-à-dire simplement avec de l’eau, des algues et un peu de sauce soja. Je n’y ai pas touché. Je n’aimais vraiment pas la cuisine de ma mère.

« Je m’intéresse à toutes les cuisines du monde, mais j’ai progressivement renoué avec la cuisine coréenne. »

Je suis arrivée en France en 1989, pour suivre des études de peinture, puis un parcours dans le design. J’étais contente de découvrir les produits locaux, la cuisine française, je mangeais des choses que j’aimais, des pâtes à la crème, des salades, de la choucroute quand j’étais en manque de kimchi (le chou fermenté coréen), et beaucoup de fromages, même forts. J’ai toujours été très curieuse et j’adore goûter à tout. J’ai commencé à organiser des expositions artistiques, et je me suis peu à peu lancée dans le design culinaire. Au début, c’était surtout parce qu’il fallait bien nourrir les invités. Puis, je me suis prise au jeu, et j’ai imaginé un tas de choses bizarres et expérimentales à mettre dans la bouche des gens : une limonade jaune fluo pleine d’huile essentielle de citron, des frites de pommes de terre en forme de lingots d’or, des amuse-bouche “méduse”, des cheveux d’ange et du diable (vermicelles et algues), des choses très parfumées, plastiques et colorées. C’était de la performance culinaire, à l’extrême opposé de l’univers de ma mère.

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J’ai continué à faire du graphisme et de l’identité visuelle pour gagner ma vie, mais je me suis de plus en plus dédiée à la cuisine. J’ai lancé mon blog, “La table de Diogène est ronde” en 2009, par passion. Je m’intéresse à toutes les cuisines du monde, mais j’ai progressivement renoué avec la cuisine coréenne, mes racines et mon identité. Je retourne en Corée une fois tous les deux ans environ. La dernière fois, c’était pour un reportage sur la cuisine des plantes sauvages par les moines bouddhistes. Avec le temps, je me suis mise à manger de manière bien plus simple, plus frugale. Je mange le moins de viande possible, j’évite les aliments transformés. Finalement, je mange de plus en plus comme ma mère. Pendant le confinement, sa soupe aux algues m’a ­réconforté l’âme plus d’une fois. Sans que je m’en rende compte, ma mère m’a donné le fond, et aujourd’hui, j’ai trouvé la forme. »

Easy Corée, Les recettes de mon pays tout en images, de Luna Kyung, 144 p., Mango éditions, 15 €. etrangerecuisine.canalblog.com

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