Le Pérou débat sur l’avortement thérapeutique

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La loi actuelle ne permet le recours à l’interruption de grossesse que lorsque celle-ci met la vie de la femme enceinte en danger, mais son accès est rarement garanti.

Par Amanda Chaparro Publié aujourd’hui à 12h12

Temps de Lecture 4 min.

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Lors d’une manifestation en faveur de la légalisation de l’avortement, à Lima, en août 2018. Sur la pacarte : « Obliger quelqu’un à donner naissance est une torture ».
Lors d’une manifestation en faveur de la légalisation de l’avortement, à Lima, en août 2018. Sur la pacarte : « Obliger quelqu’un à donner naissance est une torture ». Rodrigo Abd / AP

L’affaire a relancé le débat sur l’avortement au Pérou. Enceinte à la suite d’un viol, atteinte de graves problèmes de santé, une adolescente de 13 ans n’a pas pu avoir accès à un avortement, pourtant permis dans le pays en cas de danger pour la santé de la femme enceinte. Sa famille a dénoncé le fait qu’à aucun moment, les autorités médicales ne l’ont informée de la possibilité de recourir à une interruption de grossesse thérapeutique. Le bébé est né à la mi-mars, à seulement cinq mois de grossesse. Il est mort quelques heures plus tard, causant des séquelles physiques et psychologiques chez l’adolescente.

Cette affaire a remis en lumière les failles du système d’accès au protocole d’avortement thérapeutique, le seul accès légal à l’avortement au Pérou, un des pays sud-américains parmi les plus restrictifs en la matière. La loi l’autorisant existe depuis 1924. Mais ce n’est qu’en 2014 qu’elle a été encadrée par un protocole qui précise une série de cas de figures spécifiques à son application, possible jusqu’à la vingt-deuxième semaine de grossesse.

Mais son accès est loin d’être garanti. « Bien souvent, les médecins n’informent pas les patientes sur ce droit et l’application se fait de manière restrictive », explique Eleana Rodriguez, du Centro de la Mujer Peruana Flora-Tristan, principale organisation de défense des droits des femmes dans le pays. « Certains médecins pensent que la situation doit arriver à un extrême. Ils attendent que la mort soit imminente pour décider de sauver la mère », s’indigne Marta Rondon, psychiatre à l’Institut maternel périnatal de Lima. Aussi, le protocole est soumis à interprétation. « Beaucoup ont peur d’aller en prison, et d’autres pensent qu’ils sont les gardiens de la moralité et de la sexualité des filles », déplore-t-elle.

Un grave problème de santé publique

Les associations pointent un grave problème de santé publique. Le taux de mortalité maternelle est l’un des plus élevés d’Amérique du Sud. Et selon les ONG féministes, cinq femmes meurent par jour des suites d’un avortement clandestin, et des centaines d’autres doivent vivre avec des séquelles irréversibles.

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La mort récente, le 5 mars, d’une autre fillette de 13 ans après une césarienne, pointe un autre problème que le Pérou ne veut pas voir : celui des grossesses d’enfants et d’adolescentes. Chaque année, plus de 1 500 cas de filles enceintes entre 11 et 14 ans sont comptabilisés, des grossesses en grande majorité issues de viols. Et 13 % des adolescentes entre 15 et 19 ans sont déjà mères, selon les chiffres du ministère de la santé. Un taux qui monte à 23 % dans les zones rurales. « C’est intolérable, s’emporte Susana Chavez, directrice du Centre de promotion et de défense des droits sexuels et reproductifs (Promsex). Aucune enfant ne devrait être obligée à porter une grossesse forcée et à accoucher d’un enfant non désiré. »

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