« Les Etats-Unis sont la patrie de la mort permanente »

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Des croix commémorant les Afro-Américains décédés en garde à vue sont accrochées sur la clôture entourant la Maison Blanches, à Washington, le 7 juin.

Depuis longtemps, l’Amérique a le goût de la mort. Au début du siècle dernier, les lynchages de Noirs étaient souvent photographiés, devenant supports de cartes postales que tortionnaires et témoins pouvaient envoyer à leur famille. Cette abjecte entreprise était une pratique courante, largement documentée. Dans l’Ouest américain, l’exhibition photographique des cadavres de « hors-la-loi » et d’« Indiens » était également prisée.

Les images de Rodney King, passé à tabac en 1991 à Los Angeles, ou de George Floyd, étouffé par un policier le mois dernier à Minneapolis, s’inscrivent donc dans une tradition américaine de mise en spectacle de la mort et des coups.

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Autre effet de longue durée : un racisme puissant et sauvage parcourt nombre de ces actes, même si les violences policières aux Etats-Unis ne se cantonnent point à la question raciale. En fait, toute la pratique américaine de la police repose sur la sourde menace d’une brutalité qui frappe libéralement n’importe qui et, hors de proportion, les personnes de couleur. Aux Etats-Unis, les « forces de l’ordre » ou les « milices bien organisées » [expression employée dans le second amendement à la Constitution américaine qui autorise le port d’arme au nom de la sécurité] ont toujours eu la main lourde. Quant à la circulation massive d’images montrant ces exactions, elle n’est pas inédite.

Des images qui n’émanent plus des bourreaux

Cependant, deux différences immenses se signalent entre aujourd’hui et hier. D’abord, l’exhibition de la mort violente était, naguère, surtout organisée par les bourreaux, fiers de leur besogne et propagandistes d’eux-mêmes. Cette attitude se maintient, lorsque, par exemple, des marines déployés en Afghanistan choisissent en 2011 d’immortaliser leur triomphe et se filment en train d’uriner sur les corps des talibans qu’ils venaient de descendre. Toutefois, pour l’essentiel, ces vidéos n’émanent pas des coupables et elles sont regardées « avec horreur ».

Bien sûr, il est heureux que de tels visionnages suscitent un désarroi profond. Il n’empêche que cette révulsion s’accompagne, jusque chez les plus « dégoûtés », d’une morbide fascination pour le spectacle du massacre. Les grandes compagnies du « réseau social » commercialisent de fait ces images de mort, captées par un portable ou une caméra de surveillance. Elles légalisent, pour ainsi dire, l’ancien marché souterrain des snuff movies [films clandestins mettant en scène des violences allant jusqu’au meurtre] et en tirent dès lors un revenu indirect, tout en se donnant une apparence de progressisme. Contre les suppliques de la famille de George Floyd, les presque neuf minutes de son agonie continueront leur diffusion en boucle.

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