Au Royaume-Uni, taxer les riches redevient populaire

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Le premier ministre britannique, Boris Johnson, à Londres, le 3 juin.

Il se passe de drôles de choses au pays de Margaret Thatcher : l’impôt redevient une idée populaire. Faire payer les plus riches, en particulier, est de retour. Le choc économique majeur de la pandémie de Covid-19 va provoquer un déficit abyssal cette année, mais après une décennie d’austérité, il n’est plus question de recommencer les coupes budgétaires. Boris Johnson, le premier ministre, l’a exclu à plusieurs reprises. Progressivement, une hausse de la fiscalité semble même s’imposer, y compris un éventuel impôt sur la fortune.

Pour l’instant, ni le Parti conservateur au pouvoir ni l’opposition travailliste ne soutiennent une telle idée. Mais le sujet gagne du terrain. Selon un sondage, début mai, 61 % des Britanniques soutiennent un impôt sur les fortunes supérieures à 750 000 livres sterling (850 000 euros), tandis que seuls 14 % s’y opposent.

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Richard Murphy, économiste à Tax Justice Network, une association de lutte contre l’évasion fiscale, a publié, le 22 avril, un rapport évaluant la fiscalité britannique entre 2011 et 2018. Sa conclusion : l’imposition sur les revenus du travail était de 29,4 %, tandis que celle sur les revenus du capital était de 3,4 %. Théoriquement, en mettant les deux impositions au même niveau, cela pourrait rapporter 174 milliards de livres (195 milliards d’euros), calcule-t-il. M. Murphy s’empresse d’ajouter qu’il ne demande pas nécessairement un ajustement aussi important, mais estime qu’il y a « une large marge de manœuvre pour taxer la richesse au Royaume-Uni ».

Evolution des mentalités

Avec le conservateur Boris Johnson au pouvoir, la mise en place d’un tel impôt est-elle envisageable ? Peut-être pas en l’état, mais son gouvernement avait fait fuiter dans la presse, en février, un ballon d’essai pour créer une surtaxe sur les biens immobiliers de valeur. L’idée avait finalement été abandonnée, mais en dit long sur l’évolution des mentalités. Selon un sondage réalisé par le site PoliticsHome, en mai, 72 % des députés pensent que « les impôts vont augmenter pour financer les services publics », et 83 % sont d’accord avec l’idée que « le rôle de l’Etat dans l’économie va augmenter ». Qu’elle paraît loin l’époque où, sous le blairisme triomphant, Peter Mandelson, alors ministre travailliste, avait déclaré : « Nous sommes tout à fait à l’aise à ce que les gens deviennent riches comme des cochons. »

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Si la pandémie a accéléré le mouvement vers une plus forte fiscalité, celui-ci avait démarré au lendemain de la crise financière de 2008. Depuis, les avantages fiscaux des riches se réduisent progressivement. C’est vrai en particulier pour les étrangers, dont le fameux statut de « non-domiciliés », qui leur permettait de n’être taxés que sur une fraction de leur fortune, a été limité. Le nombre de bénéficiaires a presque été réduit de moitié depuis 2008, pour atteindre aujourd’hui 80 000 personnes.

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