du Finistère au Sahel, un passé à recomposer

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Jean-Noël Raoult chez sa mère Françoise Raoult à à Saint-Thégonnec  Loc-Eguiner (Finistère)

VINCENT GOURIOU POUR LE MONDE

Par et Kaourou Magassa

Publié aujourd’hui à 01h04

Le temps s’est arrêté à Saint-Thégonnec Loc-Eguiner, dans le nord du Finistère. Assis devant deux albums photo, Françoise Raoult et son fils Jean-Noël, 35 ans, revivent une à une chaque image, le sourire aux lèvres et le regard tendre. Ce 17 octobre 2019, rien d’autre n’existe que ces clichés, vestiges de l’enfance de Jean-Noël et de celle de son petit frère Pierre-Yves. « Un vrai bain. Avec de l’eau qui sort du pommeau de douche ! », s’émerveille encore Jean-Noël en pointant la photo où ils rient tous les deux à gorge déployée dans une baignoire.

C’était en décembre 1990. Françoise et Bernard Raoult, un couple breton, venaient d’adopter Jean-Noël et Pierre-Yves, arrivés du Mali à l’âge de 6 ans et 4 ans. Grâce à l’association française Rayon de soleil de l’enfant étranger (RDSEE), les parents et leurs nouveaux enfants réalisent alors leur rêve : Françoise devient maman et les deux frères découvrent la France au sein d’une famille aimante, après avoir été « abandonnés » par leur famille biologique. « Abandonnés », c’est en tout cas ce que RDSEE leur a toujours dit…

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Trente ans ont passé, et, malgré l’amour qui les lie, les uns et les autres ne peuvent s’empêcher d’éprouver amertume et rancœur au moment de refaire le film de cette adoption. Au point, pour Jean-Noël, d’avoir porté plainte pour escroquerie, recel d’escroquerie et abus de confiance, lundi 8 juin, au tribunal de grande instance de Paris, contre RDSEE et Danielle Boudault, l’ancienne correspondante de l’association au Mali.

Jean-Noël Raoult et sa mère adoptive, Françoise, à Saint-Thégonnec Loc-Eguiner (Finistère), le 14 février.

Huit autres personnes, sur les 324 enfants adoptés au Mali par l’entremise de cette association entre 1989 et 2001, se lancent avec lui dans cette procédure. Ils reprochent à l’organisme, aujourd’hui encore agréé par le ministère des affaires étrangères dans six pays, d’avoir menti sur les conditions de leur adoption et sur la réalité de leur « abandon ».

« J’accuse… »

Un drame a définitivement convaincu Jean-Noël, un ancien militaire devenu homme au foyer, d’engager ce combat judiciaire : la mort de son frère Pierre-Yves, d’une overdose en 2013, à l’âge de 27 ans. Le jeune homme, passionné de rugby mais sans réel projet de vie, n’avait jamais vraiment supporté le déracinement de son pays d’origine. Longtemps, il avait espéré y retourner un jour et revoir ses parents biologiques. Mais les années avaient passé, sans nouvelles d’eux, et il avait fini par perdre espoir, noyant sa détresse dans l’alcool puis dans les drogues, de plus en plus dures.

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