« L’indignation suscitée par les agissements de la police s’est répandue plus vite que le Covid-19 »

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Tribune. Qu’est-ce que l’autorité médicale a à dire sur le pouvoir policier et la suprématie blanche ? Elle doit aujourd’hui se prononcer dans un contexte de double pandémie : celle de la violence policière et celle du Covid-19. Ces deux maux frappent de façon disproportionnée les minorités ethniques et raciales. Les symptômes d’un racisme institutionnel ont révélé un syndrome impliquant différents organes sociaux – certains étant plus visibles que d’autres.

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La journaliste médicale, Harriet Washington, ouvre son livre Medical Apartheid [Anchor, 2008, non traduit] par un récit de voyage datant du XIXe siècle écrit par le docteur Frederick Gardiner. Ce médecin itinérant a assisté au travail d’un autre praticien chargé d’examiner les corps des Noirs mis en vente sur un marché aux esclaves de Washington. L’expert médical accompagnait un jeune propriétaire de plantations. Gardiner raconte : « Le docteur procède à un examen minutieux de toutes les parties du corps et le déclare sain. » Il s’agissait, autrement dit, d’un contrôle de qualité médicale.

L’histoire de la médecine regorge d’exemples montrant que cette institution, fondée sur le serment « de ne pas nuire », a participé à l’exploitation des Noirs aux Etats-Unis, en plus de les utiliser en tant que cobayes forcés. Mais le pouvoir conféré à cette autorité peut tout aussi bien servir à mettre en lumière les mécanismes d’un racisme pathogène, d’une oppression continue, et permettre de les traiter. Les médecins, en la matière, ont le choix.

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Après l’assassinat de George Floyd, l’Association médicale américaine (AMA) a publié un communiqué intitulé « La brutalité doit cesser ». Le texte fait adroitement le lien entre des champs où s’observe une discrimination raciale systémique visible et d’autres où elle est moins visible, évoquant les effets concrets des mauvais traitements de la police contre les minorités, à l’origine de maladies et de décès prématurés. Conciliant principes juridiques et rigueur scientifique, les auteurs soulignent que « l’impact différencié des violences policières sur les personnes de couleur et leurs communautés » est pareil au Covid-19, « insidieusement viral dans sa fréquence ».

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Le monde s’est reconnecté à la faveur de l’épidémie de Covid-19. La douleur et l’indignation suscitées par les agissements de la police se sont répandues bien plus rapidement. De Paris à Cape Town ou Lagos, des foules manifestent leur solidarité avec les Etats-Unis endeuillés par l’assassinat de Floyd. Ces manifestants portent aussi sur la scène mondiale les noms de ceux qui sont morts suite à des altercations avec la police dans leurs propres pays : Adama Traoré en France, Collins Khosa en Afrique du Sud et Tina Ezekw au Nigeria, pour n’en citer que quelques-uns.

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