A Taïwan, la relocalisation passe par l’électronique

0
71

[ad_1]

Au siège de la Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. Ltd (TSMC), à Tapei, en 2014.
Au siège de la Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. Ltd (TSMC), à Tapei, en 2014. Pichi Chuang / REUTERS

A Taïwan, la « relocalisation » a commencé avant le Covid-19 : les entreprises taïwanaises présentes en Chine depuis plus de deux ans et affectées par la guerre commerciale sino-américaine ont droit, depuis juillet 2019, à un plan d’accompagnement pour réinvestir à Taiwan si elles le font dans des secteurs d’avenir. Cette mesure hautement symbolique du gouvernement de la présidente Tsai Ing-wen, ardente défenseuse de la souveraineté de l’île, a renversé la dynamique de rapprochement avec la Chine de son prédécesseur et fait partie des succès qui ont contribué à sa réélection en janvier 2020.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Asie, des économies en voie de régionalisation

Pour les grands sous-traitants de l’électronique taïwanais, qui ont investi en masse en Chine dans les années 2000 pour exporter vers les Etats-Unis, elle a permis de desserrer l’étau des sanctions américaines : les équipements de communication et les composants électroniques s’étaient vu imposer une taxe de 10 % par les Etats-Unis en septembre 2018, passée à 25 % en mai 2019.

Résultat, 189 entreprises taïwanaises ont bénéficié des aides ciblées à la date du 21 mai, pour l’équivalent de 23 milliards d’euros d’investissements à Taiwan – une manne bienvenue, dans une économie qui pâtissait de sous-investissement industriel. Les investissements taïwanais en Chine ont eux baissé de moitié sur les dix premiers mois de l’année 2019 par rapport à 2018.

Des secteurs d’innovation

« Dans les faits, la plupart de ces sociétés maintiennent leur production en Chine. C’est un gros marché pour eux, et puis ce n’est pas si simple de s’en dégager, il peut y avoir toutes sortes de tracas administratifs » explique William Tang, un porte-parole d’InvesTaiwan, l’agence qui sert de guichet aux candidats au rapatriement. Seules une poignée d’entreprises ont d’ailleurs rendu public leur projet de retour, tant le sujet est sensible. En plus d’être directement impactés par les sanctions américaines, les postulants doivent investir à Taiwan dans des secteurs d’innovation, comme l’Internet des objets, l’ingénierie intelligente, l’industrie du recyclage ou les biotechnologies.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pour Pékin, le découplage économique a déjà commencé

En échange, le « plan d’action pour accueillir les entreprises de retour à Taïwan » propose des allègements fiscaux, des prêts à taux préférentiel et des garanties, un accès privilégié aux zones industrielles gouvernementales, et l’extension du quota autorisé de travailleurs étrangers de 25 % à 40 %. Près de 700 000 jeunes d’Asie du Sud Est travaillent à Taiwan sur des contrats renouvelables tous les trois ans, jusqu’à douze ans – dans des conditions qui peuvent friser l’exploitation.

« Il était très difficile de trouver du terrain à Taiwan et de la main-d’œuvre. C’est pour cela qu’on était parti en Chine et qu’on a pu croître » explique Kevin Mar, un responsable d’Universal Microelectronics installé à Taichung, la grande ville du nord-ouest à une heure de Taipei en train à grande vitesse.

La société est un fabriquant d’équipement d’origine (OEM en anglais), c’est-à-dire de produits que des acheteurs revendent sous leur propre marque – notamment des radars pour bateau de plaisance, des cartes électroniques ou des blocs d’alimentation pour ordinateurs. Or, la Chine n’est plus aussi attractive qu’elle ne l’était : « Les coûts ont commencé à grimper en Chine en 2008. C’est devenu difficile de trouver des ouvriers pour notre usine principale de Shenzhen, on est passé de 6 000 à 1 000 ouvriers. On a ouvert deux petites usines dans la province du Fujian, et on a aussi une usine au Vietnam » dit-il.

Une synergie avec le Vietnam

A Taichung où se trouve son quartier général, Universal Microelectronics a investi 13 millions d’euros pour bâtir un nouvel étage consacré à la R&D et acquérir de la robotique de haut niveau, venue d’Allemagne ou du Japon. « Nos clients américains veulent que nos produits ne soient plus fabriqués en Chine. Certains peuvent encaisser un surcoût de 15 % si c’est fait à Taiwan, ce qui reste inférieur aux 25 % de taxes. Pour les produits plus simples, on leur propose de les fabriquer au Vietnam. C’est à la carte », poursuit le cadre.

A terme, la société espère voir ses exportations depuis Taiwan passer de 10 % à 15 % de ses ventes aux Etats-Unis, et celles de Chine passer en dessous de celles en provenance du Vietnam. Avec le Vietnam, les synergies vont dans les deux sens : Universal compte faire passer de 15 % à 25 % le nombre de ses ouvriers vietnamiens à Taichung, dont les plus compétents pourront ensuite occuper des postes de responsabilité dans son usine au Vietnam.

Lire aussi En Asie du Sud-Est, l’économie vietnamienne se positionne pour l’après-Covid

Plusieurs grands noms de la sous-traitance électronique taïwanaise misent sur une expansion en Asie du Sud-Est, comme Pegatron, qui a ouvert sa première usine en Indonésie l’an dernier et en prévoit une nouvelle au Vietnam d’ici à la fin de l’année. L’attractivité nouvelle de Taiwan a, de son côté, convaincu Apple d’investir à Taiwan dans la fabrication d’écrans de prochaine génération. Quant au taïwanais TSMC, géant de la sous-traitance dans les semi-conducteurs directement touché par les sanctions contre le chinois Huawei, il a annoncé un investissement d’une dizaine de milliards d’euros aux Etats-Unis pour y fournir en direct ses clients américains.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: