un an après la dispersion sanglante d’un sit-in, des familles réclament justice

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A Khartoum, le 3 juin 2020, un manifestant brandit un portrait d’Abdelsalam Kisha, un homme de 25 ans tué un an plus tôt lors de la dispersion d’un sit-in.
A Khartoum, le 3 juin 2020, un manifestant brandit un portrait d’Abdelsalam Kisha, un homme de 25 ans tué un an plus tôt lors de la dispersion d’un sit-in. ASHRAF SHAZLY / AFP

Des dizaines de manifestants ont défilé à Khartoum, mercredi 3 juin, pour marquer le premier anniversaire de la dispersion sanglante d’un sit-in et rendre hommage aux dizaines de victimes, dont les familles réclament une enquête internationale. Pour Ahmed Abdallah, l’un des manifestants, l’évacuation du sit-in du 3 juin 2019 restera un « souvenir douloureux ». Il demande le « châtiment » des responsables et une « enquête internationale ».

« Je vous assure que faire justice au nom des martyrs du sit-in […] est une étape incontournable », a assuré de son côté le premier ministre du Soudan, Abdallah Hamdok, à la télévision.

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Abdelsalam Kisha avait 25 ans lorsqu’il a été tué avec des dizaines d’autres manifestants par des hommes en tenue militaire devant le quartier général de l’armée. Des milliers de personnes avaient occupé les lieux pendant plusieurs semaines, demandant la destitution du président Omar al-Bachir, au pouvoir depuis trente ans. Après sa chute, en avril 2019, elles avaient poursuivi leur sit-in pour réclamer la mise en place d’un régime civil, jusqu’à la sanglante dispersion du 3 juin.

Très actif dans la campagne des familles pour demander justice, le père d’Abdelsalam Kisha a indiqué à l’AFP que les proches des victimes réclamaient « une enquête internationale pour rendre justice à ceux qui ont été tués ». « J’ai couru vers les lieux de la manifestation après avoir reçu plusieurs coups de fil disant que mon fils était mort », se souvient Kisha Abdelsalam. Il a appris plus tard que le jeune homme avait été touché par plusieurs coups de feu.

« Un crime à connotation politique »

Au moins 128 personnes ont été tuées et des centaines blessées dans la dispersion du sit-in, selon des médecins liés au mouvement de protestation. Selon les chiffres officiels, 87 manifestants sont morts. Les autorités de transition soudanaises, installées en août 2019 en vertu d’un accord entre l’armée et le mouvement de protestation, ont instauré une commission d’enquête, mais cette dernière n’a pas encore rendu ses conclusions.

M. Abdelsalam et d’autres militants ont accusé les Forces de soutien rapides (RSF), un groupe paramilitaire, d’avoir ordonné la dispersion du sit-in, ce que démentent les responsables militaires. En juillet 2019, une première enquête, conduite par des militaires et des procureurs, avait montré que certains membres des RSF et des forces de sécurité étaient impliqués. Toutefois, les militaires assurent que l’opération visait avant tout une partie du camp où certains manifestants auraient vendu de la drogue.

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En octobre, Abdallah Hamdok avait chargé l’avocat Nabil Adib de conduire une enquête et d’en présenter les conclusions dans les trois mois. Mais le délai « n’était pas suffisant, en particulier parce qu’il s’agit d’un crime à connotation politique et impliquant un grand nombre de personnes », a dit Me Adib à l’AFP. « Cela pourrait même impliquer des personnalités puissantes », selon lui. Il ajoute que la tâche de la commission a été rendue plus difficile encore depuis l’irruption de la pandémie liée au coronavirus, qui a infecté 5 500 personnes et en a tué plus de 300 au Soudan.

« Nous ne pardonnerons pas »

Les organisations de défense des droits humains, qui ont rassemblé des témoignages sur la dispersion du sit-in, ont appelé à plusieurs reprises à une enquête « transparente ». « Les violations commises le 3 juin 2019 pourraient être qualifiées de crimes internationaux pour lesquels il n’y a aucune immunité, comme les crimes contre l’humanité », a estimé l’ONG Médecins pour les droits humains (PHR) dans un rapport publié en mars.

Selon Me Adib, la commission a déjà reçu beaucoup de témoignages. Il souligne avoir donné des « assurances » aux auteurs de ces témoignages que leurs identités ne seraient pas révélées. Mais les familles des victimes restent sceptiques sur l’issue de l’enquête.

« Je ne crois pas que cette commission va apporter la justice aux martyrs », dit Amna, la mère d’Abdelsalam Kisha, en montrant, les larmes aux yeux, un album de photos de son fils. Elle s’est toutefois juré de ne pas baisser les bras jusqu’à ce que les responsables de la mort de son fils soient traduits en justice : « Nous ne pardonnerons pas à ceux qui ont fait couler le sang et nous n’abandonnerons pas les martyrs. »

Le Monde avec AFP

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