pourquoi la reprise du trafic aérien attendra – Jeune Afrique

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Les frontières aériennes sénégalaises resteront fermées aux vols de passagers jusqu’au 30 juin au moins. Et la reprise des vols dépendra d’une décision concertée au sein de l’Uemoa.


La réouverture du ciel sénégalais attendra. La fermeture des frontières aériennes a en effet été prolongée jusqu’au 30 juin, a annoncé le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, à l’exception des vols cargos et des vols médicaux. Le 29 mai, au lendemain de cette prorogation, le président Macky Sall prolongeait jusqu’au 2 juillet, par décret, l’état d’urgence – qui prévoit un couvre-feu de 21 heures à 5 heures du matin et l’interdiction de tout déplacement entre les régions.

Interrogé par Jeune Afrique, Oumar Khassimou Dia, le directeur des Transports aériens au ministère, indique que « le gouvernement recueille l’avis technique des experts avant de prendre de telles décisions ». Selon lui, « le risque de propagation des maladies transmissibles à travers les voyages aériens est très élevé, et la situation des pays avec lesquels nous avons traditionnellement un flux de passagers est encore sérieuse. Même si la tendance est à la baisse en Europe. La prudence voudrait que nous observions si cette tendance va se confirmer ».

Cela veut-il dire qu’après le 30 juin, un nouveau report pourrait intervenir ?  « Tout est possible, indique Oumar Khassimou Dia. Cela dépendra de la situation de la pandémie à l’approche de cette échéance du 30 juin. Le gouvernement tranchera en fonction des informations que nous lui fournirons. »

Perte de trafic de 97,5 %

La trentaine de compagnies qui opèrent à l’aéroport International Blaise Diagne (AIBD) sont actuellement impactées par le lockdown aérien décrété depuis le 20 mars. Les seules compagnies qui continuent à effectuer des vols cargo sont Lufthansa, Turkish Airlines, Emirates et DHL. Subsistent également des vols d’évacuation et quelques vols de rapatriement (par Air Sénégal, Air France ou Ethiopian Airlines). « Mais c’est vraiment résiduel : nous déplorons une perte de trafic de l’ordre de 97,5 % à l’AIBD », précise le directeur des Transports aériens.

la réouverture des frontières dans un pays ne se ferait qu’après concertation avec les autres pays de l’Uemoa

Avant la pandémie, l’aéroport inauguré en décembre 2017 revendiquait autour de 2,5 millions de passagers par an. « Même s’il devait y avoir une reprise en 2020, celle-ci ne pourrait être que graduelle, le temps que les mesures soient mises en place et que les clients reprennent confiance en ce mode de transport », pronostique Oumar Khassimou Dia.

Le 27 mai s’est tenue une réunion en visioconférence des ministres de l’Uemoa chargés des transports aériens. « La situation est pratiquement la même dans tous ces pays, indique notre interlocuteur. À deux ou trois exceptions près, tous les pays ont prolongé la fermeture de leur espace aérien. Cette réunion a décidé, entre autres, que la réouverture des frontières dans un pays ne se ferait qu’après concertation avec les autres pays de l’Uemoa, dans le cadre d’un plan de reprise concerté. »

Air Sénégal sur la sellette ?

Cette prorogation n’est pas pour arranger Air Sénégal, la compagnie nationale, qui perd un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros par mois depuis l’interruption de ses vols. Son directeur général, Ibrahima Kane, indique à JA que « la compagnie a arrêté son trafic passagers mais continue à assurer plusieurs vols de rapatriement au bénéfice de citoyens étrangers habitant au Sénégal et se rendant en France, en Italie ou au Gabon, mais aussi pour des citoyens sénégalais basés à l’étranger et qui souhaitent rentrer au pays. Depuis le 7 mai, Air Sénégal effectue aussi des vols cargo en provenance de la France. » Selon Ibrahima Kane, le personnel d’Air Sénégal a « accepté d’apporter sa contribution en partant en congé anticipé », en attendant de préparer la reprise.

Un des objectifs des vols de rapatriement et des vols cargo est d’assurer des rentrées financières

La compagnie dit envisager plusieurs scénarios, tenant compte du fait que « le moment de la reprise dépendra exclusivement des autorités étatiques, au Sénégal et dans les pays de destination ». Le schéma de reprise reposera aussi sur les finances d’Air Sénégal, mises à mal depuis l’instauration du « lockdown ».

« Un des objectifs des vols de rapatriement et des vols cargo est d’assurer des rentrées financières, mais aussi, de permettre à la trentaine de pilotes d’Air Sénégal de maintenir leur nombre d’heures de vol minimum, et même de faire de nouveaux lâchers de pilotes. » Du fait de ces circonstances exceptionnelles, l’État du Sénégal a alloué un appui de 45 milliards de francs CFA à Air Sénégal, au titre du manque à gagner du fait du Covid, suite à une évaluation faite en coordination entre l’État et la compagnie. Le décaissement est en cours.

Ibrahima Kane se veut toutefois serein : « Air Sénégal a connu cette crise pendant sa phase de croissance, ce qui, à l’analyse, est un avantage. Car le cash burning rate [taux de consommation de la trésorerie] de la compagnie est assez modeste comparé à la taille de ses opérations. Ce qui n’est pas le cas des compagnies déjà matures ». « Au-delà du 30 juin, nous supposons qu’il y aura une réévaluation de l’impact de la pandémie. Nous voulons être en position d’opérer des vols si cette situation sanitaire est favorable. Notre rôle, c’est de nous assurer que nous proposerons à nos passagers, à la reprise, des conditions de vols entièrement revues en termes de sécurité sanitaire et d’hygiène » conclut-il.

Malgré le bel optimisme affiché, le ciel sénégalais est très impacté, à l’instar de tout le secteur aérien africain et mondial. Le 8 mai dernier, le ministre sénégalais des Transports aériens rappelait qu’Air Sénégal avait perdu 20 milliards (30 millions d’euros) de chiffre d’affaires en trois mois. Au niveau mondial, l’Association internationale du transport aérien (Iata) a chiffré à 314 milliards de dollars (286 milliards d’euros) l’impact de la pandémie sur le chiffre d’affaires des compagnies aériennes en 2020, soit une chute de 55 % par rapport à 2019. Et le transport aérien ne devrait pas retrouver son niveau de trafic d’avant-pandémie avant 2023, selon l’association.

Lire aussi notre dossier Sénégal 2019, c’est déjà demain…

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