En Biélorussie, l’émergence d’une nouvelle figure d’opposition embarrasse le régime

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Le blogueur et opposant bielorusse Sergueï Tikhanovski, le 24 mai à Minsk.
Le blogueur et opposant bielorusse Sergueï Tikhanovski, le 24 mai à Minsk. VASILY FEDOSENKO / REUTERS

Sergueï Tikhanovski n’a aucun programme politique, aucune idéologie partisane, ni vision précise de ce que devrait être la Biélorussie de demain. Mais le blogueur d’une quarantaine d’années, qui se présente comme un petit entrepreneur, a un espoir. Un projet devenu presque obsessionnel pour son pays : débarrasser l’ex-république soviétique du président Alexandre Loukachenko, souvent surnommé « le dernier dictateur d’Europe ». Un homme qui règne d’une main de fer depuis plus d’un quart de siècle sur le pays de 9,5 millions d’habitants.

Cette audace aura valu la détention du quadragénaire à deux reprises au cours du mois de mai. Une première fois le 9 mai, afin de l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle prévue le 9 août, une seconde fois le 29 mai, afin de tenter de le faire taire. « Il n’y aura pas de Maïdan dans notre pays », a lâché le chef d’Etat le 1er juin, en référence à la révolution ukrainienne pro-européenne de 2014, qui a chassé du pouvoir le gouvernement.

Parcours « époustouflant »

Mais loin de museler la colère naissante, les mesures de rétorsion, habituelles dans l’ex-république soviétique, n’ont fait que renforcer l’aura du blogueur. Devenu la star des réseaux sociaux, le trublion récolte, partout où il appelle à manifester, les signatures pour l’élection de son épouse, qui a déposé sa candidature à sa place.

Un parcours « époustouflant » pour la Biélorussie, où la peur suffit généralement à étouffer tout début de contestation politique, observe l’analyste politique Artyom Shraibman. « Tikhanovski est un phénomène. Il est très différent des opposants établis. Il n’a aucune feuille de route positive pour la Biélorussie, mais parvient à fédérer la population, y compris au sein d’une partie de l’ex-électorat de Loukachenko, autour d’une rhétorique simple : faire du chef d’Etat le coupable des maux de la Bielorussie », souligne M. Shraibman.

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La « campagne présidentielle » de Sergueï Tikhanovski s’est déclinée au fil des derniers mois sur sa chaîne YouTube baptisée « Le Pays à vivre », détournant un des slogans présidentiels de l’autocrate honni, qui prétend rafler un sixième mandat. Au gré de ses pérégrinations dans les villes et les campagnes oubliées du pays, tendant son micro au « peuple », il a récolté les griefs d’électeurs exaspérés par l’effondrement économique, la corruption des élites, le chômage ou le déni des autorités face à la pandémie de Covid-19. Une « psychose », selon M. Loukachenko, que l’on soigne à base de « vodka » ou de virées « en tracteur ». Officiellement, la Biélorussie comptait, au 1er juin, 240 morts sur 43 403 malades contaminés par le nouveau coronavirus, bien que les cas de pneumonies mortelles, de grippes porcines ou saisonnières se soient étrangement multipliés ces derniers mois.

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