Donald Trump, président de la division

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Editorial du « Monde ». Deux images des Etats-Unis sont entrées en collision ces derniers jours : celle du lancement de la fusée SpaceX, puis de son arrimage réussi à la Station spatiale internationale, nouvel épisode du génie américain dans la conquête de l’espace. Et celle, insoutenable, vue par des millions de gens sur les réseaux sociaux, d’un homme noir à terre, menotté, suffoquant sous le genou d’un policier blanc, et mort en huit minutes, nouvel épisode d’un drame trop ancien et jamais maîtrisé, celui du racisme policier.

En campagne pour sa réélection, Donald Trump n’a pas eu le temps de tirer parti du succès de SpaceX. Pendant qu’il regagnait Washington après avoir assisté au lancement à Cap Canaveral, la colère provoquée par la mort de George Floyd à Minneapolis continuait de s’étendre, embrasant quelque 40 grandes villes du pays. Lundi 1er juin, Donald Trump a tenté de répondre aux scènes d’émeutes urbaines par une autre image : celle du président des Etats-Unis défenseur de « la loi et l’ordre », brandissant la Bible devant l’église Saint-John, tout près de la Maison Blanche, après en avoir fait évacuer les abords à coups de gaz lacrymogènes – image si abusive que l’évêque épiscopalien de Washington s’est offusqué de ne pas avoir été informé de la visite présidentielle. Quelques minutes plus tôt, M. Trump avait annoncé qu’il n’hésiterait pas à envoyer l’armée pour venir à bout de ce qu’il a qualifié de « terrorisme intérieur ».

Le risque de légitimer l’autodéfense

Très déstabilisé par cette éruption de colère, dont il semble n’avoir que tardivement pris la mesure, Donald Trump a choisi, comme d’habitude, de répondre en s’adressant à son électorat plutôt qu’à l’ensemble du pays. En invoquant dans son intervention la protection du deuxième amendement, celui qui garantit aux citoyens américains le droit de porter une arme à feu, il a pris le risque de légitimer l’autodéfense dans un contexte explosif. En évitant toute formule d’empathie à l’égard des victimes de l’injustice et en s’abstenant d’évoquer le fond du problème pour ne souligner que la violence des émeutiers, il est resté fidèle à la tactique qu’il utilise depuis son arrivée au pouvoir : la division et l’affrontement.

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Donald Trump sent que le moment est crucial pour le scrutin présidentiel du 3 novembre. Car la révolte, partie il y a une semaine de Minneapolis, se greffe sur la double crise que traversent les Etats-Unis : la crise sanitaire liée à la pandémie, qui a mis en évidence les profondes inégalités dans la société en frappant, notamment, beaucoup plus durement la communauté afro-américaine, et la grave crise économique qui en a résulté. Avec près de 40 millions de demandeurs d’emploi, le taux de chômage pourrait bientôt atteindre 20 % de la population active.

Cette multiplicité de crises peut-elle constituer un tournant aux Etats-Unis ? En 1968, la révolte noire après l’assassinat de Martin Luther King sur fond de contestation de la guerre au Vietnam avait favorisé l’élection de Richard Nixon – mais c’était le Parti démocrate qui était alors au pouvoir, avec l’administration Johnson. Electoralement, les violences urbaines jouent plutôt en faveur des partis de droite, qui cherchent à incarner l’ordre. Cependant, à la tête d’un Parti républicain lobotomisé, Donald Trump a beaucoup de mal à tenir la barre depuis deux mois. Si le candidat démocrate, Joe Biden, parvient à saisir le moment, et si la révolte actuelle parvient à se transformer en mouvement civique, alors le candidat Trump aura du souci à se faire.

Le Monde

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