« Les souverainistes et les populistes ne peuvent à eux seuls fournir les biens publics mondiaux »

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Tribune. Les Etats vont sortir renforcés de la crise due au coronavirus : cette prédiction jouit d’un large consensus parmi les spécialistes des questions internationales. De là à prophétiser un monde à la Thomas Hobbes, qui soit au mieux celui de l’Europe du Congrès de Vienne au XIXe siècle, et au pire celui de l’Europe tragique de la première moitié du XXe siècle, il n’y a qu’un pas.

Il faut pourtant y regarder à deux fois et percevoir les limites de ce triomphe du souverain. L’Etat a pris des coups lui aussi, les autres acteurs n’ont pas quitté la scène, et de nouveaux sujets se sont imposés. Surtout, le renforcement des Etats n’aboutit pas forcément à une loi de la jungle où seuls quelques mastodontes (Chine, Etats-Unis) imposeront leur volonté. Après tout, la souveraineté n’empêche pas le multilatéralisme, mais le rend possible – reste ensuite aux décideurs de parvenir à coopérer. Bref, l’avenir n’est pas écrit et la société civile, surtout en Europe, peut infléchir le cours de l’histoire.

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La crise liée au coronavirus, en touchant directement la sécurité des personnes, a fait de la santé un sujet régalien, et soudain, tout a concouru à renforcer le souverain : l’acquiescement des populations à ses nouvelles fonctions en temps de péril, son contrôle discrétionnaire des frontières, la garantie en dernier recours qu’il offre aux agents économiques. En consacrant l’Etat comme acteur quasi unique de la vie internationale, la phase aiguë de la pandémie précipite une évolution lente, observable depuis la crise de 2008, celle du renforcement des souverainetés sous le coup de la concurrence entre grandes puissances et des coups de boutoir des dirigeants populistes, y compris l’antimultilatéralisme de Donald Trump.

Divisions nationales

A y regarder de plus près, cependant, les Etats ne sortent pas indemnes de la crise. Nombre d’entre eux vont être criblés de dettes, et pour longtemps. Nombre d’entre eux vont être mis sur la sellette, car la crise économique est la conséquence des mesures prises pour lutter contre la pandémie, pas de la pandémie elle-même. Les divisions nationales et les récriminations pourraient en menacer plusieurs. On fait parfois observer que la crise fragilise les plus faibles et renforce les plus forts des Etats, ceux qui possèdent les moyens d’agir et de réagir. C’est vrai, même si la Chine comme les Etats-Unis ont subi une spectaculaire perte de crédibilité dans cette affaire.

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D’ailleurs, face au virus, le classement des nations s’est opéré sur des critères qui n’étaient plus le PIB ou la puissance militaire, mais la comparaison des courbes d’infection et de mortalité, la résistance des systèmes de santé et la cohésion sociale. Ça ne suffit certes pas à bouleverser le fonctionnement du système international, mais ça le modifie à la marge, en renforçant la main de ceux qui insistent pour substituer aux critères traditionnels de la puissance des indicateurs de bon gouvernement, par exemple l’indice de développement humain du PNUD, ou le Better Life Index de l’OCDE. Le souffle de la crise ne peut rester sans effet sur les perceptions des populations à cet égard. Les porte-avions ne disparaîtront certes pas, mais tous ont vu qu’ils ne servaient à rien contre le virus, lequel les a d’ailleurs contraints à rentrer au port toutes affaires cessantes.

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